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Argentine : signature d'un accord sur la dette entre gouvernement et créanciers

Le gouvernement argentin a annoncé la conclusion d'un accord sur une partie de sa dette à hauteur de 66 milliards de dollars avec les créanciers étrangers du pays.

Trois mois après le début des négociations, le gouvernement argentin confirme le 4 août être parvenu à un accord sur la dette avec ses trois créanciers : Exchange Bondholders, Ad Hoc et Argentina Creditor Committee. Le compromis a été conclu in extremis, puisque la date limite des négociations était fixée au 4 août à 21h (GMT). 

Le gouvernement a annoncé dans un communiqué que les parties «sont arrivées à un accord aujourd’hui qui permettra aux trois groupes de créanciers d’appuyer la proposition de restructuration de la dette argentine et d’accorder à la République un allègement de dette significatif».

Maintenant, nous avons l'horizon dégagé vers là où nous voulons aller

Le président argentin de centre-gauche, Alberto Fernandez, s'est dit de son côté «très content pour le pays» et s'est félicité d'avoir pu restructurer une «dette impossible» au milieu de «la pire crise économique» et «en pleine pandémie». 

«Maintenant, nous avons l'horizon dégagé vers là où nous voulons aller», a-t-il ajouté.

La restructuration est l'aboutissement d'un long bras de fer et un soulagement pour le pays entré en récession en 2018, laissé exsangue par les successives vagues d'austérité imposées.

Conformément à l'accord, l’Argentine va être notamment en mesure d'ajuster les dates de paiement. Les échéances sont revues et se feront du 9 janvier au 9 juillet de chaque année, et non plus du 4 mars au 4 septembre. Ni le montant de sa dette, ni celui de ses intérêts n’augmenteront. En outre, des mécanismes ont été mis en place afin d'amortir les intérêts de la dette.

«Il faut absolument [pour l'Argentine] sortir de la récession [...] le taux de pauvreté est à 35% ou 40%», a déclaré l'économiste Christian de Boissieu sur RT France.

«Le FMI lui-même en avril-mai, lors des réunions de printemps, disait que la dette de l’Argentine n’était pas soutenable. Les créanciers privés en ont tiré les conséquences en acceptant ce compromis aujourd'hui. Il faudra qu'il se passe la même chose en ce qui concerne la dette de l'Argentine vis-à-vis du FMI, de la Banque mondiale et la dette bilatérale vis-à-vis des Etats souverains», a-t-il ajouté. 

L'offre précédente du gouvernement argentin avait été rejetée par le groupe de créanciers la semaine précédente. Ceux-ci avaient menacé d'exercer leur droit de veto, assurant représenter plus de la moitié des détenteurs d'obligations émises sous législation étrangère.

Buenos Aires proposait notamment de payer 53,5 dollars de recouvrement pour chaque tranche de 100 dollars de la valeur nominale des obligations. Les créanciers exigeaient pour leur part 56,5 dollars. C'est finalement un montant de 54 dollars par tranche de 100 qui a été fixé, selon l'AFP, citant une source officielle.

Placée dans une situation délicate, puisqu'elle était en défaut de paiement depuis le 22 mai − date à laquelle elle aurait dû rembourser 500 millions de dollars d'intérêts −, l'Argentine a réussi à convaincre ses trois interlocuteurs de poursuivre les discussions. 

Ces dernières, en cours depuis le 20 avril, concernent des obligations datant de 2005 et 2010, produits d'une restructuration précédente, ainsi que de nouveaux titres émis à partir de 2016.

Largement creusée durant le mandat de Mauricio Macri, la dette du pays s'élève à 324 milliards de dollars au total, soit 90% du PIB. Prochain dossier délicat : la dette émise sous législation nationale de 41,7 milliards de dollars, dont les paiements ont été pour l'heure différés au 31 décembre 2021.