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L'UE refuse des subventions à des villes polonaises en raison de leur politique vis-à-vis des LGBTI

Six villes polonaises se voient privées de subventions européennes en raison de leur politique à l'égard de la communauté LGBTI. Une décision que Bruxelles justifie par sa volonté de promouvoir une «Union de l'égalité».

La commissaire européenne à l'Egalité Helena Dalli a annoncé le 29 juillet que 6 municipalités polonaises qui avaient postulé pour obtenir une subvention – comprise entre 5 000 et 25 000 euros – dans le cadre du programme de jumelage entre villes européennes, avaient été écartées en raison de l'attitude des autorités polonaises envers la communauté LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexe).

«Les valeurs de l'UE et les droits fondamentaux doivent être respectés par les Etats membres et les autorités publiques. C'est pourquoi six candidatures au programme de jumelage impliquant des autorités polonaises qui ont adopté des résolutions sur des "zones libres de toute idéologie LGBTI" ou "droits de la famille" ont été rejetées», a expliqué Helena Dalli dans un message publié sur Twitter.

Ce programme géré par l'EACEA (Agence Exécutive Education, Audiovisuel et Culture) vise à stimuler la participation civique et le débat sur les politiques de l'Union. Début juillet, l'EACEA avait demandé des clarifications à huit candidats polonais «qui avaient adopté des résolutions "LGBTI" ou "Droits de la famille" de nature discriminatoire», a précisé un porte-parole de la Commission à l'AFP.

«L'appel à proposition pour le programme de jumelage stipule qu'il doit être accessible à tous les citoyens européens sans aucune forme de discrimination sur la base du genre, de l'origine ethnique, de la religion ou des croyances, du handicap, de l'âge ou de l'orientation sexuelle», a-t-il fait savoir.

La Commission a par ailleurs souligné que toute autorité publique qui reçoit ou gère des fonds européens, y compris via la politique de cohésion, devait respecter les droits fondamentaux. «La Commission fera, quand c'est approprié, usage des moyens à sa disposition pour assurer que ces fonds soient utilisés conformément aux règles, et cela s'applique à la politique de cohésion», a ainsi martelé Stefan de Keersmaecker, un porte-parole de l'institution.

Ursula von der Leyen : «Je continuerai de pousser pour une Union de l'égalité»

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a elle aussi justifié le 30 juillet cette décision, assurant qu'il s'agissait de défendre une «Union de l'égalité». «Nos traités assurent que chaque personne en Europe est libre d'être qui elle est, de vivre où elle le souhaite, d'aimer qui elle veut et de viser aussi haut qu'elle veut. Je continuerai de pousser pour une Union de l'égalité», a ainsi soutenu Ursula von der Leyen dans un tweet accompagné du mot-dièse LGBTI.

De son côté le ministre polonais de la Justice Zbigniew Ziobro a jugé la démarche européenne «sans fondement et illégale». «J'ai demandé au Premier ministre d'entreprendre des démarches claires auprès de la Commission européenne pour qu'elle n'entreprenne plus de tels actes illégaux», a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par l'agence PAP.

En décembre dernier, le Parlement européen avait condamné la proclamation en Pologne de zones «libres de toute idéologie LGBTI», et réclamé un contrôle accru de l'utilisation des fonds européens. La Pologne est l'un des principaux bénéficiaires de cette politique de l'UE, et s'inquiète en tant que tel de la volonté de l'UE de lier l'octroi des financements au respect des principes démocratiques dans le prochain budget pluriannuel. Décidé lors du dernier sommet à 27 ce mécanisme demeure pour l'instant flou.