La Commission européenne a passé une importante commande de traitements au remdesivir auprès du laboratoire américain Gilead, qui permettront de traiter 30 000 patients au sein de l'Union européenne (UE), a annoncé le 29 juillet l'institution.
Le contrat, d'un montant de 63 millions d'euros, permet de mettre début août à disposition des 27 Etats membres et du Royaume-Uni des doses de Veklury, marque commerciale de l'antiviral remdisivir, premier médicament autorisé au niveau de l'UE pour le traitement de la Covid-19. Le traitement est destiné à environ 30 000 patients présentant des symptômes sévères.
«Cela doit aider à couvrir les besoins pour les prochains mois, tout en assurant une distribution équitable au niveau de l'UE, basée sur une clé d'allocation, et en prenant en compte l'avis du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies», explique la Commission dans un communiqué.
La porte-parole de la commission, Dana Spinant, a fait savoir en conférence de presse : «Hier, nous avons signé un contrat avec l'entreprise pharmaceutique Gilead afin d'assurer l'accès à des doses de remdesivir. Cela permettra de traiter des milliers de patients affectés par le coronavirus dès le début du mois d'août.»
L'exécutif européen prépare un appel d'offres conjoint pour des réserves supplémentaires de ce médicament, afin de couvrir les besoins à partir du mois d'octobre.
Traiter un patient au remdesivir coûte en moyenne 2 090 euros
Le remdesivir avait reçu son autorisation de mise sur le marché européen conditionnelle début juillet, en un temps record. L'Agence européenne des médicaments recommande son utilisation chez les adultes et les adolescents à partir de 12 ans souffrant de pneumonie et ayant besoin d'un supplément d'oxygène.
Leur cupidité doit être stoppée
Le géant pharmaceutique Gilead a fixé le prix de son antiviral remdesivir à 390 dollars par dose aux Etats-Unis et dans les pays développés, selon un communiqué en date du 29 juin. La durée moyenne d'un traitement au remdesivir contre le Covid-19 est estimée par le laboratoire à cinq jours avec six doses administrées, pour un coût de 2 340 dollars (2 090 euros environ) par patient. L'ancien candidat à l'investiture démocrate américaine, Bernie Sanders, avait alors dénoncé : «Leur cupidité doit être stoppée.»
En France, le professeur Didier Raoult, promoteur d'un traitement à l'hydroxichloroquine contre le Covid-19 avait lui aussi directement mis en cause le géant américain lors de son audition par les députés le 24 juin : «Moi, j'ai été surpris de voir que le directeur de Gilead, devant le Premier ministre et devant le président de la République, tutoyait celui qui était en charge des essais thérapeutiques en France pour le Covid-19», avait-il déclaré, évoquant un «écosystème» entre le laboratoire et certains scientifiques «dans lequel la vision qu'on a du monde est différente». Il a par ailleurs invité les élus à se pencher sur le «listing» des infectiologues ayant des «conflits d'intérêts» avec le laboratoire et a dit n'avoir jamais vu un tel niveau «d'influence d'une seule compagnie» à l'occasion de cette crise.