Suite à l’accord entre Kiev et les républiques rebelles de l'Est sur la mise en œuvre d'un cessez-le-feu dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine (une condition prévue dans l'accord de paix signé à Minsk en 2015), la trêve ayant pris effet à 00h00 ce 27 juillet.
A la veille du début du cessez-le-feu, le président Volodymyr Zelensky a salué dimanche, au cours d'un entretien téléphonique avec le président Vladimir Poutine, les efforts déployés pour résoudre le conflit qui oppose les forces armées ukrainiennes aux rebelles pro-russes.
Les chefs d'Etat des deux pays «ont salué l'accord pour un cessez-le-feu complet et global dans le Donbass», a affirmé la présidence ukrainienne dans un communiqué cité par l'AFP. De son côté, le Kremlin a souligné l'importance «du respect sans conditions de ces accords par les parties en conflit».
Dans le même temps, le président Poutine a fait part de son inquiétude concernant une loi récemment adoptée par le Parlement ukrainien ouvrant la voie à des élections régionales en 2022, qui selon lui «est contraire aux accords de Minsk» et «met en danger les perspectives de règlement» du conflit.
Un cessez-le-feu précaire perdure
«Le Commandement des forces armées a ordonné le respect total d'un cessez-le-feu intégral», a indiqué l'armée ukrainienne sur sa page Facebook. Toutefois, plus tard dans la journée, cette dernière a accusé les séparatistes pro-russes d'avoir violé la trêve dans la demi-heure qui a suivi son entrée en vigueur en faisant usage d'armes légères, de lance-grenades et de mitrailleuses lourdes.
«Nos unités continuent à ne pas faire feu», a affirmé Volodymyr Kravtchenko, le commandant des forces armées ukrainiennes, lors d'une conférence de presse dans la région de Donetsk. Il a précisé que ces tirs n'avaient pas fait de victimes. Aucun autre incident n'a été signalé par Kiev.
Les rebelles de la république autoproclamée de Donetsk, l'un des deux territoires séparatistes du Donbass ukrainien avec Lougansk, ont rejeté ces accusations, les qualifiant «de nouvelle provocation de la partie ukrainienne pour déstabiliser la situation». Sur la messagerie Telegram, ils ont dit «se tenir strictement aux conditions» du cessez-le-feu.
Plus tôt, le ministère ukrainien de la Défense, cité par l'agence TASS, a affirmé que le cessez-le-feu ne prive pas Kiev de la possibilité d'une réponse armée si la trêve est violée par l'ennemi.
Une longue liste de cessez-le-feu a échoué depuis la signature des accords de paix de Minsk en 2015, forces ukrainiennes et rebelles de Donbass s'accusant mutuellement de les violer. A la mi-juillet, les heurts armés s'étaient multipliés après plusieurs mois de relative accalmie.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié ce nouveau cessez-le-feu d'«étape importante pour renforcer la confiance mutuelle et désamorcer les tensions», ajoutant qu'il était «important» que chaque camp remplisse ses obligations.
A Kiev, des manifestants dénoncent une «capitulation»
Lorsque le cessez-le-feu est entré en vigueur, près de 2000 personnes - majoritairement des représentants des organisations radicales de droite - se sont rassemblées devant le bâtiment de l’administration présidentielle à Kiev, exigeant d’empêcher la «capitulation» de l’Ukraine dans le Donbass, a annoncé l'agence TASS.
Lors de la manifestation, qui a duré plus d'une heure, le président ukrainien et son entourage ont été accusés de haute trahison suite à la mise en place de mesures supplémentaires permettant de renforcer le cessez-le-feu dans le Donbass. Les manifestants ont appelé Volodymyr Zelensky à démissionner en exigeant de «mettre fin au désarmement de l'armée ukrainienne en première ligne», d'annuler les ordres qui interdisent les représailles et opérations de renseignement dans le Donbass dans le cadre du cessez-le-feu, enfin de ne pas accorder un statut spécial au Donbass et rejeter le projet d'élections locales «avant le retrait des occupants».