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Face à la peste porcine africaine, l'Allemagne barricade ses frontières orientales

Les autorités du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale vont prolonger la clôture érigée par deux autres Lander le long de la frontière avec la Pologne. Objectif : protéger les porcs d'élevage d'une maladie porcine qui fait des ravages à l'est.

L'Allemagne s'empresse de fermer ses frontières... à la peste porcine africaine (PPA).

Dans un article publié le 19 juillet, Le Monde rapporte que les trois régions allemandes frontalières avec la Pologne, soucieuses d’empêcher d’éventuels animaux sauvages atteints par la maladie d’entrer sur leur territoire, se «barricadent». Concrètement, les autorités du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale ont annoncé la construction d’une clôture haute de 1,50 mètre, sur 62 kilomètres. Elles poursuivent ainsi l'œuvre des Lander de Brandebourg et de Saxe, qui ont construit depuis le début de l'année 2020 quelque 248 kilomètres de clôtures le long de la ligne Oder-Neisse – la frontière polono-allemande.

L'enjeu, pour les Allemands, est avant tout économique : la peste porcine africaine est inoffensive pour les humains... mais fatale pour les porcs d'élevage (et les sangliers). Or, le secteur est loin d'être mineur outre-Rhin : «L'Allemagne est le premier producteur porcin d’Union européenne [avec un cheptel d’environ 26 millions de têtes], et le deuxième exportateur de viande de porc vers les marchés extracommunautaires, après l’Espagne», rapporte le quotidien vespéral. «Le jour où un seul sanglier atteint de la PPA sera retrouvé en Allemagne, nous perdrons automatiquement notre statut de pays sain», prévient le secrétaire général du DBV (la Confédération paysanne allemande), Bernhard Krüsken, cité par le journal français. Les éleveurs allemands craignent en effet qu'en cas de vague de contaminations dans leur pays, la Chine et d'autres Etats interrompent leurs importations de viande porcine.

La menace, pour les Allemands, est localisée à l'est : le média Euronews écrivait, en avril dernier, que des corps de sangliers infectés par la peste porcine africaine avaient été découverts dans l'ouest de la Pologne, non loin de la frontière allemande. En 2019, quelques 35 000 porcs ont été abattus dans le nord-est de la Pologne à cause de l'infection, rapportait le même média. Et – plus inquiétant encore pour les Allemands – au début de l'année 2020, 24 000 bêtes ont été abattues à l'ouest du pays.

Le Bundesrat demande une structure «plus robuste» encore à la frontière

Dans ce contexte, l'extension de la clôture à la frontière est même perçue comme une mesure insuffisante par les élus fédéraux allemands : le 3 juillet, la chambre haute du Parlement s'est prononcée en faveur de l’érection d’une structure permanente, «plus robuste que les frêles barrières actuellement en place ou en construction», indique Le Monde.

La France elle aussi entend se montrer vigilante face à cette menace planant sur les porcs d'élevage : en décembre 2019, le ministère de l'Agriculture avait annoncé l'extension du périmètre de la zone d'observation mise en place pour prévenir l'arrivée de la peste porcine africaine aux frontières. Une clôture a été érigée dans les Ardennes, la Meurthe-et-Moselle et la Meuse, afin de délimiter une «zone blanche» dépeuplée de sangliers et une zone d'observation au regard de la zone infectée en Belgique, rappelait alors le ministère français, cité par l'AFP. 

«Inoffensive pour les humains, [la peste porcine africaine] [...] entraîne des hémorragies qui peuvent être fatales en quelques jours chez les sangliers et porcs domestiques», expliquait alors l'agence, tout en précisant qu'aucun vaccin n'avait encore fait ses preuves. Depuis, la presse a fait état de progrès vers un vaccin en Chine, où la PPA a fait des ravages parmi le cheptel de porcs. En juin dernier, l'Académie des sciences agricoles de Chine (CAAS) a déclaré que des essais cliniques pour le vaccin effectués par l'Institut de recherche vétérinaire de Harbin, dans le nord du pays, enregistraient «des progrès réguliers».