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La France franchit une nouvelle étape vers la restitution d’œuvres culturelles à des pays africains

Le gouvernement français a examiné un projet de loi officialisant la restitution d'un sabre historique au Sénégal, et de 26 objets du patrimoine au Bénin, saisis pendant la colonisation.

Le gouvernement a examiné le 15 juillet le premier projet de loi permettant le transfert d’œuvres culturelles vers leur pays d'origine, qu'Emmanuel Macron avait initié lors d'un discours sur une refondation du partenariat culturel entre la France et l'Afrique prononcé pendant son déplacement à Ouagadougou au mois de novembre 2017

Le projet de loi autorise, «par une dérogation limitée au principe essentiel d’inaliénabilité applicable aux collections publiques françaises», le transfert au Bénin de la propriété de 26 objets pillés lors du sac du palais des rois d'Abomey par des troupes coloniales françaises en 1892. Ces totems et spectres, actuellement conservés au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris, seront exposés dans un lieu public au Bénin, ainsi que le rapporte l'AFP.

Le texte acte également le transfert de propriété au Sénégal d'un sabre qu'Edouard Philippe avait symboliquement remis en novembre dernier au président Macky Sall. Il s'agit d'un objet à la symbolique forte, puisqu'il a appartenu à El Hadj Oumar Tall, un chef de guerre et érudit musulman qui a conquis au XIXe siècle un immense territoire à cheval sur le Sénégal, la Guinée et le Mali, et a lutté contre l'armée coloniale française.

Ces restitutions se basent sur un rapport demandé en 2018 par le président de la République. Ses auteurs y ont notamment détaillé la façon dont la France a acquis des dizaines de milliers d'œuvres africaines pendant la colonisation. 

Cette restitution «correspond à un engagement très fort pris par le président de la République pour que la jeunesse africaine ait la possibilité d'accéder à son patrimoine, à son histoire, en Afrique», a déclaré le nouveau porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

La démarche est toutefois contestée par certains acteurs du monde culturel en France, à l'image de l'ancien directeur du musée du Quai Branly, Stéphane Martin, qui en février dernier, avait vertement critiqué le rapport commandé par l'Elysée, qu'il avait qualifié de «cri de haine contre le concept même de musée». Cité par l'AFP, «des spécialistes et des musées comme le Quai Branly», se sont inquiétés d'«une politisation du débat et d'arguments selon lesquels toutes les œuvres en dépôt chez eux depuis la colonisation ont été malhonnêtement acquises ou pillées, et doivent être rendues».