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Le patriarche russe Kirill s'élève contre la «persécution de l'Eglise orthodoxe» au Monténégro

Les relations entre l'Eglise orthodoxe serbe et les autorités du Monténégro sont tendues depuis l'adoption en décembre d'une loi controversée, dont les détracteurs craignent qu'elle ne conduise au transfert à l'Etat de monastères orthodoxes serbes.

Au Monténégro, une loi controversée sur les affaires religieuses, adoptée fin 2019, soulève des tensions entre les autorités et l'Eglise orthodoxe serbe.

Cette dernière accuse le pouvoir de vouloir, à travers cette loi, soutenir l'Eglise monténégrine autocéphale monténégrine, qui tente une refondation depuis 1993 et n'est pas reconnue par les églises orthodoxes. Elément nourrissant ces craintes : le président du Monténégro, Milo Djukanovic, a affiché son soutien au «renouveau» de l'Eglise autocéphale.

L'AFP indique également que cette loi pourrait permettre le transfert à l'Etat de la propriété d'une bonne partie des centaines de monastères relevant de l'Eglise orthodoxe serbe.

L'Eglise orthodoxe serbe, dont le siège est à Belgrade, reste la principale institution religieuse au Monténégro, devenu indépendant de la Serbie en 2006.

L'adoption de la loi religieuse a déclenché une vague de manifestations à travers le Monténégro, malgré les restrictions liées à l'épidémie du coronavirus.

Le patriarche russe appelle les autorités à «abroger la loi discriminatoire»

Ce texte suscite des réactions dans le monde orthodoxe au-delà des frontières du Monténégro. En particulier, le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Kirill a déclaré, dans un texte relayé le 13 juillet sur le site officiel du patriarcat de Moscou : «J’appelle les autorités civiles du Monténégro à abroger la loi discriminatoire qui a introduit la division et le schisme dans la société monténégrine, à mettre fin à la persécution de l'Eglise orthodoxe [serbe], à cesser toutes les tentatives de création d'une autre structure religieuse à sa place.»

Il n'y a pas et il ne peut y avoir de considérations qui justifieraient l'empiètement de l'Etat sur les sanctuaires nationaux gardés par l'Eglise

«La pression sur les croyants augmente régulièrement. Leur mobilisation par milliers montrent qu'ils ne peuvent plus et ne veulent plus supporter cela. Le non-respect des hommes de l'Eglise et leur humiliation publique par les autorités est devenu la norme», a considéré le chef de l'Eglise orthodoxe russe. «Le souverain d'un Etat laïc ne peut pas créer d'Eglise. Il n'y a pas et il ne peut y avoir de considérations qui justifieraient l'empiètement de l'Etat sur les sanctuaires nationaux gardés par l'Eglise», a également déclaré Kirill. 

Le patriarche russe a en outre fait valoir que la volonté de créer une Eglise à des fins politiques diviserait plus encore le monde chrétien orthodoxe. 

En ce qui concerne l'Etat russe : le 18 juin, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait rencontré à Belgrade le président serbe, Alexander Vučić, et le chef du patriarcat serbe Irénée. Lors de cette rencontre, le chef de la diplomatie russe avait noté que les Eglises orthodoxes russe et serbe avaient toujours non seulement préservé leurs valeurs historiques, mais aussi joué un rôle de pacificateur. «La Russie défendra toujours les intérêts des Eglises orthodoxes, s'opposera aux tentatives d’ingérence de l'Etat dans leurs affaires intérieures, agira main dans la main avec les Eglises orthodoxes et leurs chefs pour promouvoir les idéaux de maintien de la paix, afin d'apaiser de nombreux conflits dans notre espace commun», avait déclaré le chef de la diplomatie russe.