Alors que le ministère de la Défense russe a rapporté mercredi avoir mené 20 sorties pour la première journée de l’opération en Syrie – en précisant que toutes les cibles se trouvaient loin des zones urbaines – des informations complétement différentes ont été publiés à travers le monde.
Des rapports, des vidéos et des photos ont commencé à apparaître sur les réseaux sociaux indiquant que ce n’est pas Daesh que la Russie a pris pour cible. Au contraire, d’après ces informations, les avions de guerre russes ont attaqué des zones résidentielles tuant des dizaines de civils. D’autres soulignent que ce sont les positions tenues par les «rebelles modérés» qui ont été visées.
Cependant, le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter, interrogé par les journalistes sur cette question, n’a pas pu donner de confirmation. «Je veux être prudent concernant la confirmation d’information, mais il semble qu'ils [raids aériens] se sont déroulés dans des zones où il n'y avait probablement pas de forces de l'Etat islamique», a annoncé le responsable.
Ce à quoi le ministre russe Sergueï Lavrov a rejeté les doutes «infondés» des Occidentaux. «Les rumeurs indiquant que les objectifs de ces frappes n'étaient pas l'EI ne sont en rien fondées», a-t-il déclaré, appelant également les journalistes à «ne pas écouter le Pentagone dans ce cas-là, mais de s’adresser au ministère russe de la Défense pour toute information».
L’accusation de White Helmets vise à diaboliser le gouvernement de Bachar el-Assad
Suite à l’annonce du lancement des raids, une vague de commentaires a submergé Internet. Des informations indiquant que les bombardements de l’aviation russe en Syrie ont causé de nombreux morts parmi les civils ont été majoritairement diffusées par l’opposition syrienne.
Les internautes ont rapporté de nombreuses victimes parmi les civils, en ne proposant que des photos avec des blessés et de la fumée consécutive à des explosions. Toujours sans preuves, ni signes d’avions russes.
En particulier, les White Helmets [Casques blancs], qui se posent comme un groupe de volontaires «neutre, impartial et humanitaire», ont publié sur Twitter une photo montrant un secouriste avec dans ses mains une petite fille syrienne couverte de sang. En légende de l’image, ce sont les frappes russes effectuées le 30 septembre qu’ils ont accusé de «la mort de 33 civils».
Cependant, il s’avère que la photo a été prise le 25 septembre, soit cinq jours avant les bombardements en question.
Il est à noter que ces White Helmets, précédemment appelés Syria Civil Defense, ont publié un tweet fustigeant les frappes russes en Syrie plusieurs heures avant l'autorisation officielle du «recours aux forces armées à l'étranger» par le Parlement russe.
Dans une interview à l’agence Sputnik, la journaliste d'investigation et militante pour la paix Vanessa Beeley a fait savoir que l’ONG n'avait en réalité pas été créée par des Syriens, qu’elle ne défendait pas leurs intérêts. D’après la journaliste, White Helmets a été financé par le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Conseil national syrien (CNS) et représentait une «organisation controversée qui travaille en sous-main avec le groupe radical Front al-Nosra, une filiale d'Al-Qaïda».
«Les White Helmets diabolisent le gouvernement de Bachar el-Assad et encouragent une invasion étrangère directe», a indiqué Vanessa Beeley.
Twitter pour prouver l’information des médias ?
Dans une interview à RT, Lionel (Michael Lebron), personnalité de la radio et de la télévision new-yorkaise, a dénoncé la politique actuelle des médias qui utilisent les réseaux sociaux tels que Twitter pour prouver que les avions russes ont touché les civils.
«Ce que je ne peux pas croire c’est à quel point les agences d’information sont vénérées, comment elles font abstraction et tournent complètement le dos à leur devoir», a-t-il expliqué dans son style habituel.
Lionel a également trouvé assez bizarre le fait qu’aujourd’hui «il n’y a plus besoin d’infiltrer les conglomérats médiatiques. Tout ce qu’il faut faire de nos jours c’est créer un faux compte Twitter, avoir une personne qui partage votre convenu et c’est tout. Ni validation, ni accréditation, ni authentification».
La position de Moscou
Moscou à son tour estime que ce n’est qu’une guerre d’information visant à saper son image à l’égard du conflit syrien. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova a qualifié mercredi ces actions de «guerre informationnelle» et a souligné que «certains étaient bien préparés».
«Des rapports faux et biaisés ont inondé les médias occidentaux et régionaux prétendant que l’opération militaire russe cause des pertes civiles où même vise les forces pro-démocrates et la population pacifique. C’est une attaque informationnelle, une guerre informationnelle dont on a entendu beaucoup parler», a souligné la porte-parole.
Le président russe s’est également prononcé sur cette question plus tôt dans la journée expliquant que «les données concernant les présumées victimes civiles causées par les raids aériens russes en Syrie sont apparues dans les médias avant même le début de leur première mission de combat».
Au cours de la dernière année, la Russie a été la cible de nombreuses accusations liées à l’Ukraine. Certains fonctionnaires de Kiev et leurs coauteurs ont quelquefois accusé Moscou d’invasion. De nombreuses images ont été présentées comme preuves de l’invasion présumée et ont même été avalisées par certains responsables américains et les médias. Cependant, les photos ont ensuite été exposées comme fausses.