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Opération de l'OTAN en Méditerranée: Ankara exige des excuses de Paris pour de «fausses» accusations

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a exigé des excuses de la France, qui avait accusé des frégates turques d'avoir effectué une manœuvre «extrêmement agressive» à l'encontre de l'un de ses navires en Méditerranée.

«Nous attendons de la France qu'elle s'excuse, qu'elle s'excuse inconditionnellement» : en déplacement à Berlin ce 2 juillet, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a précisé la position d'Ankara suite aux accusations de Paris, qui assure qu'un navire français participant à une mission de l'OTAN a fait l'objet d'une manœuvre «extrêmement agressive» de la part de frégates turques en Méditerranée, le 11 juin dernier.

«Il n'est pas acceptable que la France se prête à de fausses affirmations et agisse contre la Turquie», a ajouté le chef de la diplomatie turque. «Nous devons être honnêtes: la France ne dit pas la vérité à l'Union européenne et à l'OTAN», a-t-il poursuivi lors de cette conférence de presse avec son homologue allemand, Heiko Maas. «Il n'est pas vrai que nos bateaux ont lancé un avertissement [à une frégate française]» a-t-il fait valoir, soutenant qu'Ankara veillait «scrupuleusement à ce que la vérité apparaisse au grand jour».

Selon Paris, une frégate française qui cherchait à identifier un cargo soupçonné de transporter des armes vers la Libye a été visée par des navires turcs. Ces derniers ont «illuminé le Courbet à trois reprises avec leur radar de conduite de tir», ce qui constitue «un acte extrêmement agressif», avait ainsi décrit le ministère des Armées juste avant une vidéoconférence des ministres de la Défense de l'alliance Atlantique, le 17 juin. «Cette affaire est à nos yeux très grave [...]. On ne peut pas accepter qu'un allié se comporte comme cela, fasse cela contre un navire de l'OTAN sous commandement OTAN menant une mission OTAN», avait fait valoir Paris.

La France s'est après cet incident retirée le 1er juillet de l'opération de sécurité maritime de l'OTAN en Méditerranée, espérant obtenir un soutien plus franc de l'alliance dans ses frictions avec Ankara qui se multiplient. «Il ne nous parait pas sain de maintenir des moyens dans une opération censée, parmi ses différentes tâches, contrôler l'embargo avec des alliés qui ne le respectent pas», a fait valoir le ministère, visant explicitement la Turquie, son allié au sein de l'alliance Atlantique.

Opposition sur le dossier Libyen

Le ton ne cesse de monter entre Paris et Ankara, qui s'opposent sur le dossier le libyen, la France accusant la Turquie de violer l’embargo sur les armes à destination de la Libye. Le président français Emmanuel Macron a même assuré le 29 juin qu'Ankara avait une «responsabilité historique et criminelle» dans ce conflit, en tant que pays qui «prétend être membre de l'OTAN». Le chef d'Etat a notamment accusé la Turquie d'avoir «massivement réimporté des combattants djihadistes depuis la Syrie».

A Berlin, Mevlüt Cavusoglu a répliqué en accusant en retour la France d'envoyer des armes aux forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est de la Libye en lutte cotre le gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli qu'Ankara soutient.