Ils sont prêts à faire de grands efforts pour la Syrie. L'Iran, la Russie et la Turquie ont «redit leur détermination à intensifier la coordination trilatérale» sur la question syrienne, indique un communiqué commun publié à l'issue d'un sommet en ligne entre le président iranien, Hassan Rohani, et ses homologues russe, Vladimir Poutine, et turc, Recep Tayyip Erdogan. Le texte insiste aussi sur «le ferme attachement» des trois pays «à la souveraineté, à l'indépendance, ainsi qu'à l'unité et à l'intégrité territoriale» de la Syrie.
Une importante déclaration d'intentions, malgré des positions stratégiques divergentes sur le terrain. Dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011, Téhéran et Moscou sont les principaux soutiens du pouvoir de Bachar el-Assad, tandis qu'Ankara appuie des rebelles syriens.
Hassan Rohani, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan se sont réunis ce 1er juillet dans le cadre du processus de paix dit d'Astana, chapeauté par leurs trois pays. Il s'agit de leur premier sommet trilatéral consacré à la question syrienne depuis septembre 2019. Leur rencontre survient alors que la relation russo-turque est soumise à de vives tensions autour de la Syrie, mais aussi de la Libye, où là encore Moscou et Ankara soutiennent des belligérants opposés. A la mi-juin, une visite des ministres russes de la Défense et des Affaires étrangères en Turquie avait ainsi été annulée à la dernière minute.
Il n'y aura pas de solution militaire
Selon le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Zarif, dont le pays présidait la rencontre, les trois pays «sont convenus de poursuivre la coordination entre [eux] en mettant l'accent sur la réduction des tensions, le processus politique et l'aide humanitaire», trois points qui figurent dans le communiqué final. Mohammad Zarif a jugé sur Twitter que le sommet avait été «très constructif».
«La République islamique estime que la seule solution à la crise syrienne est politique et qu'il n'y n'aura pas de solution militaire», a déclaré Hassan Rohani en ouvrant la réunion par visioconférence avec ses homologues à Ankara et Moscou. «Nous soutenons toujours le dialogue intersyrien et soulignons notre détermination à lutter contre le terrorisme de Daech, d'Al-Qaïda et d'autres groupes qui leur sont liés», a-t-il ajouté.
Assurer une normalisation à long terme en Syrie
«J'insiste sur le fait que la lutte contre le terrorisme se poursuivra jusqu'à son éradication complète en Syrie et dans la région en général», a encore déclaré Hassan Rohani. «Il s'agit avant tout de poursuivre la lutte contre le terrorisme international», a acquiescé le président russe Vladimir Poutine, plaidant pour un accord entre les trois pays «sur les mesures supplémentaires pouvant être prises pour assurer une normalisation à long terme en Syrie».
Notant que «la situation la plus tendue est toujours observée sur les territoires échappant au contrôle de l'armée syrienne, notamment dans la zone de désescalade d'Idleb et dans le Nord-Est de la Syrie», Vladimir Poutine a jugé qu'il fallait «aider de manière active à faire avancer un dialogue inclusif intersyrien».
Rétablir la paix sur le terrain et trouver une solution politique durable au conflit
Dénonçant les nouvelles sanctions américaines annoncées en juin contre la Syrie, le président russe a jugé que celles-ci avaient «sans doute pour objectif d'étouffer économiquement» le pays. Vladimir Poutine a appelé dans ce contexte à renforcer l'aide humanitaire à la Syrie et à «soutenir les Syriens».
«Nos priorités fondamentales sont de sauvegarder l'unité politique et l'intégrité territoriale de la Syrie, de rétablir la paix sur le terrain et de trouver une solution politique durable au conflit», a déclaré de son côté le président turc Recep Tayyip Erdogan. «Nous continuerons de faire ce qui est en notre pouvoir pour que la Syrie, notre voisin, renoue le plus vite possible avec la paix et la sécurité», a-t-il ajouté.
La rencontre entre les trois chefs d'Etat survient au lendemain d'une conférence des donateurs organisée par l'UE et les Nations unies à Bruxelles, au cours de laquelle a été annoncée la levée de 7,7 milliards de dollars d'aide de la communauté internationale pour les réfugiés syriens.