La loi sur la sécurité nationale à Hong Kong est entrée en vigueur le 30 juin, soit un peu plus d'un an après le début des manifestations monstres dans le territoire autonome contre l'influence du gouvernement central jugé pro-Pékin. Elle coïncide avec le 23e anniversaire, le 1er juillet, de la rétrocession de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni.
Jugée controversée, la loi est accusée d'être une tentative d'étouffement de l'opposition à Hong Kong. Elle prévoit que la justice chinoise soit compétente pour les atteintes «graves» à la sécurité. Les peines encourues par les accusés vont jusqu'à la prison à perpétuité.
Promulguée par le président Xi Jinping après avoir été adoptée par le comité permanent du Parlement, une instance soumise au Parti communiste chinois (PCC), le texte permet de réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l'Etat : les activités subversives, la sécession, le terrorisme et la collusion avec des forces étrangères.
Vingt-sept pays du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, dont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Japon, ont condamné cette nouvelle loi, tandis que les Etats-Unis ont menacé la Chine de représailles, promettant de ne pas «rester les bras croisés».
Les Etats-Unis ne resteront pas les bras croisés pendant que la Chine engloutit Hong Kong dans sa gueule autoritaire
Le chef de la diplomatie américaine a d'ailleurs menacé Pékin de nouvelles représailles, déplorant un «triste jour» pour Hong Kong. «Aujourd'hui est un triste jour pour Hong Kong, et pour tous les amoureux de la liberté en Chine», a dénoncé le secrétaire d'Etat dans un communiqué. «Les États-Unis ne resteront pas les bras croisés pendant que la Chine engloutit Hong Kong dans sa gueule autoritaire», a-t-il tonné
«Conformément aux instructions du président Trump, nous éliminerons les exemptions politiques qui accordent à Hong Kong, un traitement différent et spécial, à quelques exceptions près», a prévenu Mike Pompeo. Fin mai, Washington avait déjà frappé fort en révoquant le statut commercial préférentiel de Hong Kong. Le Sénat des Etats-Unis avait approuvé la semaine précédente à l'unanimité un texte prévoyant des sanctions automatiques contre les responsables chinois qui violent les obligations internationales de la Chine en faveur de l'autonomie de Hong Kong.
Vous pourrez encore exister pendant longtemps, vous pourrez toujours avoir des vues politiques différentes
Après ces annonces, Pékin a fustigé «une logique de bandits» au lendemain de la promulgation de la loi. «Nous ne vous avons pas provoqués. De quel droit êtes-vous agressifs avec nous?», s'est interrogé le 1er juillet devant la presse le directeur adjoint du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, Zhang Xiaoming, estimant que la loi imposée le 30 juin, ne «regardait pas» les pays étrangers. «Quant aux pays qui ont déclaré qu'ils imposeraient de lourdes sanctions à certains responsables chinois, je considère qu'il s'agit d'une logique de bandits», a-t-il poursuivi. Pour Zhang Xiaoming, la nouvelle loi «ne vise pas à faire de l'opposition et du camp pro-démocratie d'hypothétiques ennemis», avant de déclaré à l'adresse des opposants hongkongais que «vous pourrez encore exister pendant longtemps, vous pourrez toujours avoir des vues politiques différentes».
Une protection des droits et des libertés essentielles pour l'Union européenne
L'Union européenne a quant à elle jugé «essentielle» le 1er juillet la protection des droits et des libertés des habitants de Hong Kong, dans une déclaration du chef de sa diplomatie Josep Borrell.
Ces droits sont notamment «la liberté de parole, des médias, d'association, de se réunir et de manifester», précise Josep Borrell, alors que de premières arrestations ont eu lieu dans l'ancienne colonie britannique. 180 manifestants ont en effet été arrêtés, dont sept en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, «pour participation à des rassemblements non autorisés, trouble à l'ordre public, possession d'armes offensives et autres infractions connexes».