«Mon nom est Ahmad Al Faqi Al Mahdi, je suis de la tribu touareg Al Ansar, je suis né il y a environ 40 ans», a déclaré l'homme au juge de Cour pénale internationale de La Haye qui lui demandait de s'identifier, avant de poursuivre : «J'étais un fonctionnaire dans l'éducation dans le gouvernement malien en 2011».
Ahmad Al Faqi Al Mahdi qui était jusqu'ici détenu au Niger, a été transféré en fin de semaine dernière vers les Pays-Bas, où il a comparu pour cette première audience, dite «initiale», qui n'aura duré qu'une trentaine de minutes. Ce chef touareg devient ainsi le premier djihadiste à être traduit devant la CPI pour destruction d'édifices religieux et de monuments historiques.
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Selon l'accusation, l'homme serait un des chefs d'Ansar Dine, un groupe islamiste radical associé à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et aurait dirigé la destruction de dix édifices religieux dans la vieille ville de Tombouctou, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité.
Fondée entre le XIème et le XIIème siècles par des tribus touareg, Tombouctou a été un grand centre intellectuel de l'islam et une ancienne cité marchande prospère ou transitaient les caravanes. La CPI avait ouvert en 2013 une enquête sur les exactions commises au Mali par les groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, qui avaient avaient défiguré «la Cité des 333 saints» considérant la vénération des saints comme de «l'idolâtrie».
Épaisse chevelure frisée, barbe, lunettes rectangulaires, le suspect, habillé d'un costume bleu foncé, chemise claire et cravate rouge, s'est adressé en arabe à la Cour. L'audience de confirmation des charges, étape de la procédure durant laquelle la procureure doit convaincre les juges que son dossier est assez solide pour mener à un procès est fixée pour le 18 janvier.
L'Unesco a lancé en 2014 un vaste programme de reconstruction de Tombouctou et notamment de ses mausolées.
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