Paris, Rome et Berlin appellent à la fin de «toutes les ingérences» d'acteurs étrangers en Libye et exhortent les parties libyennes à «cesser immédiatement et sans condition les combats», dans un communiqué commun diffusé le 25 juin dans la soirée. «Face au risque croissant de dégradation de la situation en Libye et d'escalade régionale, la France, l'Allemagne et l'Italie appellent toutes les parties libyennes à cesser immédiatement et sans condition les combats et à suspendre le renforcement en cours des moyens militaires à travers le pays», soulignent les trois pays européens.
Ceux-ci «exhortent également les acteurs étrangers à mettre un terme à toutes les ingérences et à respecter pleinement l'embargo sur les armes établi par le Conseil de sécurité des Nations unies», d'après le communiqué.
Le 24 juin, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi di Maio, en visite à Tripoli, et le chef du GNA, avaient déjà appelé à la fin des interventions étrangères dans ce pays en guerre.
La Libye est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Deux autorités rivales se disputent le pouvoir depuis 2015 : le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, établi en vertu d'un accord parrainé par l'ONU et ayant son siège à Tripoli (ouest), et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l'est.
La Turquie est devenu le principal soutien international du GNA de Tripoli, qui a repris début juin le contrôle de l'ensemble du nord-ouest de la Libye en faisant reculer les forces du maréchal Khalifa Haftar. Les forces du GNA visent désormais la ville côtière de Syrte (450 kilomètres à l'est de Tripoli), verrou stratégique vers l'est contrôlé par le maréchal Haftar.
La France, bien qu'elle s'en défende publiquement, est accusée par Ankara et nombre d'analystes d'appuyer le maréchal Haftar. Le président français Emmanuel Macron a dénoncé le 22 juin le «jeu dangereux» de la Turquie en Libye dans lequel il voit une nouvelle démonstration de la «mort cérébrale» de l'OTAN. Le lendemain, Ankara a répliqué en retournant la formule du président français à son endroit.
Le 20 juin, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, principal soutien du maréchal avec les Emirats arabes unis, avait prévenu que toute avancée des pro-GNA vers Syrte pourrait entraîner une intervention «directe» du Caire. Le GNA, reconnu par l'ONU, a dénoncé comme une «déclaration de guerre» les menaces de l'Egypte.