Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a déclaré ce 25 juin que l'ancien chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, tué le 2 mai 2011 par les forces spéciales américaines au Pakistan, était mort en «martyr». Des propos qui ont provoqué une vague de réactions hostiles dans le pays.
«Les Américains sont venus à Abbottabad et ont tué Oussama Ben Laden. Il est mort en martyr», a expliqué Imran Khan lors d'un discours devant l'Assemblée nationale, où il a mentionné les relations compliquées entre Islamabad et Washington suite au raid américain. «Après cela, le monde entier nous a insultés [...]. Notre allié tue quelqu'un dans notre pays sans même nous en informer», a-t-il poursuivi, qualifiant ces faits d'«humiliation» pour de nombreux Pakistanais.
Imran Khan, alias «Taliban Khan»
Opposants et défenseurs des droits de l'Homme ont immédiatement fait part de leur indignation. «Imran Khan a truqué l'histoire en déclarant aujourd'hui qu'Oussama Ben Laden est un martyr», a réagi le ministre des Affaires étrangères du précédent gouvernement, Khawaja Asif, devant le Parlement.
«Les musulmans du monde entier se battent contre la discrimination qu'ils subissent en raison du terrorisme récent et notre Premier ministre aggrave la situation en qualifiant [Oussama Ben Laden] de martyr de l'Islam», a tweeté Meena Gabeena, un défenseur des droits de l'Homme.
Les martyrs sont vénérés dans l'Islam. Ce terme est généralement utilisé pour les personnes qui meurent ou sont tuées alors qu'elles sont au service de la religion.
Pendant des années, le Pakistan a officiellement nié savoir que le fondateur d'Al-Qaïda se cachait sur son territoire jusqu'à ce qu'il soit abattu lors d'un raid nocturne sur une ville de garnison au nord d'Islamabad, la capitale pakistanaise, ce qui a suscité des allégations de collusion entre les autorités pakistanaises et l'organisation terroriste islamiste.
En 2019, Imran Khan avait toutefois déclaré lors d'un voyage aux Etats-Unis que l'ISI (Inter-services intelligence), la principale agence d'espionnage militaire du Pakistan, avait fourni à Washington une piste qui avait permis de débusquer Ben Laden.
Asad Durrani, ancien directeur de l'ISI, avait également déclaré à Al Jazeera en 2015 que cette agence savait probablement où le cerveau des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis se cachait et espérait l'utiliser comme monnaie d'échange avant qu'il ne soit tué.
Imran Khan a longtemps été affublé au Pakistan du sobriquet de «Taliban Khan» pour sa volonté maintes fois répétée de négocier avec les insurgés.