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Algérie : rassemblements et arrestations malgré l'interdiction de manifester à cause du Covid

Le Hirak a tenté de reprendre possession de la rue ce 19 juin dans plusieurs villes d'Algérie. Et ce, en dépit de l'interdiction de tout rassemblement en raison de la crise sanitaire.

Des manifestations pro-Hirak, mouvement populaire de contestation du pouvoir, ont eu lieu ce 19 juin en Algérie, en dépit de l'interdiction de tout rassemblement durant l'épidémie de coronavirus, selon des images relayées sur les réseaux sociaux et des organisations. 

Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien qui recense les «prisonniers d'opinion», a fait état d'une dizaine d'arrestations à Bejaïa, au départ d'une marche importante, et d'interpellations à Tizi Ouzou et Bouira, trois grandes villes de Kabylie (nord-est). A Bejaïa, les manifestants ont repris les slogans du Hirak : «Pouvoir dégage», «Etat civil, pas militaire» et «On n'arrêtera pas», selon des vidéos partagées sur Facebook.

Selon le CNLD, des «hirakistes» ont également été arrêtés en petit nombre notamment à Oran, deuxième ville d'Algérie, Tlemcen, Relizane (nord-ouest), Annaba (est) et Bordj Bou Arreridj, un fief du Hirak au sud-est d'Alger. 

Le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), Saïd Salhi, a annoncé sur Twitter «plusieurs arrestations dans plusieurs wilayas [préfectures]».

En revanche, la rue est restée calme dans la capitale, avec un dispositif policier allégé, selon des témoignages recueillis par l'AFP. Toute forme de rassemblement est strictement interdite depuis le 17 mars en Algérie en raison de la crise sanitaire. Après plus d'un an de mobilisation, des figures et organisations proches du Hirak avaient appelé à suspendre «temporairement» les manifestations tant que sévirait la pandémie. Mais avec le début du déconfinement, des voix s'élèvent sur les réseaux sociaux pour relancer les marches hebdomadaires de protestation.

Des militants, des avocats, des associations étudiantes ou encore des partis politiques ont toutefois appelé, cette semaine, à ne reprendre les manifestations pacifiques que lorsque les conditions sanitaires le permettront. Né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens, le Hirak réclame un changement du «système» en place depuis l'indépendance en 1962. En vain jusqu'à présent, même si la contestation a obtenu en avril 2019 le départ du président Abdelaziz Bouteflika après vingt ans au pouvoir.