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Russie: la progression de la pollution au carburant dans l'Arctique «stoppée»

A Norilsk en Russie, la progression des 20 000 tonnes d'hydrocarbures qui se sont déversées, le 29 mai, dans une rivière de l'Arctique russe a été «stoppée», a déclaré le ministère russe des Situations d'urgence.

Le 5 juin, Eugueni Zinitchev, le ministre des Situations d'urgence s'est rendu sur les lieux de l'accident industriel pour suivre le déroulement des opérations de secours. Dans un communiqué, le ministère a assuré que «200 tonnes de carburant et de lubrifiants ont été collectées» jusqu'à présent. 

«La progression des hydrocarbures a été stoppée. Ils ne vont plus nulle part» grâce au déploiement de barrages flottants, a déclaré à l'AFP un représentant du ministère russe des Situations d'urgence de la région de Krasnoiarsk, ajoutant que le pompage du carburant avait commencé. 

Lors d'une réunion à distance avec le président Vladimir Poutine, Eugueni Zinitchev a souligné que le rôle primordial des experts mobilisés sur place qui consiste à collecter les produits pétroliers. Le ministre a également noté que le site de déversement de carburant se révèle marécageux et peu accessible en conséquence. Selon lui, les secours sont à pied d'œuvre pour tenter de limiter les dégâts malgré ces difficultés d'accès. 

Plus tard la responsable de l'agence nationale de l'environnement Rosprirodnadzor Sevtalna Radionova s'est exprimée au sujet du sinistre : «C'est un accident sans précédent par son ampleur.» De fait, la pollution est même visible depuis l'espace. En effet, l'agence spatiale russe Roskosmos a publié des images satellite de la zone accidentée. Sur ces photos, on distingue notamment plusieurs branches de la rivière teintées de rouge. 

Le coût des travaux estimé à environ 130 millions d'euros

Lors d'une réunion à distance avec le président russe Vladimir Poutine, Vladimir Potanine, le directeur général de Norilsk Nickel, la société qui gère la centrale thermique à l'origine de l'incident, était également présent sur place. Il a certifié au chef de l'Etat que son entreprise allait  intégralement financer les travaux de dépollution, sans aucun recours au budget fédéral. Il a alors estimé le coût des opérations à plus de 10 milliards de roubles (environ 130 millions d'euros) en soulignant que l'écosystème dans la zone touchée par le déversement sera rétabli grâce aux meilleures technologies.

«Si on l’avait [le réservoir endommagé] remplacé en temps opportun, il n’y aurait pas de dommages écologiques et l’entreprise ne devrait pas en supporter le coût. Examinez-le avec attention au sein de votre entreprise (...). J’espère que l’ensemble de travail qui a été mentionné sera effectué grâce aux efforts conjoints et de manière efficace,» a réagit Vladimir Poutine aux propos du responsable de la société. 

Le 29 mai, l'un des réservoirs de gazole d'une centrale thermique près de Norilsk appartenant à une filiale du géant minier Norilsk Nickel s'est affaissé à la suite de la fonte du permafrost, provoquant une fuite de 20 000 tonnes d'hydrocarbures. 

Pour éviter la répétition d'une telle catastrophe naturelle, le parquet général a ordonné une «vérification complète», dans toute la région et le pays, des «infrastructures dangereuses située dans des zones sujettes à la fonte du permafrost», soit le sous-sol habituellement gelé toute l'année des régions arctiques et de Sibérie, annonce l'AFP. Le pergélisol ou permafrost est le sous-sol gelé toute l'année de l'Arctique et de Sibérie. La fonte sous les effets du changement climatique est considérée en Russie comme un défi majeur car elle fragilise toutes les villes et les infrastructures, notamment minières, gazières et pétrolières, bâties depuis des décennies au-dessus.