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Allemagne: deux municipalités réfléchissent à réquisitionner des logements vides pour les migrants

Pour faire face à l'afflux de réfugiés, Hambourg a proposé un projet de loi permettant de réquisitionner des locaux commerciaux vides. Même démarche à Tübingen, où le maire négocie avec les propriétaires pour récupérer des logements vacants.

En ce moment, ce sont près de 400 réfugiés qui arrivent chaque jour à Hambourg -la deuxième plus grande ville d'Allemagne- en quête de protection. Un afflux tel que les centres d'hébergement pour demandeurs d'asile arrivent désormais à saturation, et ce alors que l'hiver approche à grand pas.

Pour faire face à l'urgence, la municipalité a donc entamé des négociations avec des propriétaires de bâtiments à vocation commerciale actuellement vacants. Si certains magasins ont effectivement pu être transformés en centre d'accueil pour migrants, d'autres propriétaires ont tout simplement refusé de louer leurs locaux vides à la ville.

Une attitude «peu solidaire» qui a provoqué le courroux d'une poignée d'élus qui a donc décidé de déposer devant le Parlement régional un projet de loi permettant la réquisition pure et simple de ces magasins vacants. Cette initiative est notamment soutenue par le parti des Verts. «Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que les réfugiés ne soient pas sans abri cet hiver» a ainsi détaillé Till Steffen, sénateur du parti Vert, au journal allemand Die Welt, «pour cette raison, nous devons utiliser les propriétés commerciales vacantes» [ndlr: dans ce projet de loi en discussion, il semble pour le moment exclus de réquisitionner des maison ou des appartements vides à usage locatif].

Selon le Think Tank américain et néo-conservateur, Gatestone Institute, qui a largement repris cette information, le vote de ce projet de loi autorisant donc les réquisitions hivernales devrait intervenir dans les 15 prochains jours.

Plus au sud, dans le land de Bade-Wurtemberg, le maire écologiste de la ville de Tübingen, semble lui aussi vouloir réquisitionner des bâtiments voire même des habitations, mais en «dernier recours» et seulement «en cas d'urgence». Répondant au journal Die Welt, ce dernier explique qu'il est ce moment en train de négocier avec les propriétaires de logements et de bâtiments commerciaux vacants afin de «les louer ou de les acheter» pour y placer les demandeurs d'asile arrivés dans sa ville.

«Nous voulons essayer pour l'hiver de profiter de bâtiments vacants: des maisons, mais aussi pour les salles commerciales inutilisées. Au lieu d'avoir des villes de tentes à l'extérieur, nous pourrions mettre en place un hébergement de tentes dans ces salles. Voilà le plan pour les huit prochains mois. A cet effet, nous sommes en pourparlers avec les propriétaires» a détaillé l'édile vert, Vert Boris Palmer, avant de poursuivre: «nous soumettons actuellement aux propriétaires des offres de location et d'achat pour leurs maisons. Mais la loi sur la police donne au maire la possibilité de saisir des maisons pendant quelques mois [avant qu'un tribunal ne juge la légalité de la réquisition] dans des situations exceptionnelles. Une situation que je veux absolument éviter...mais s'il n'y a pas d'autre moyen, je dois en faire usage».

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Des propositions qui agacent et inquiètent de nombreux élus allemands qui dénoncent des méthodes mettant un coup selon eux, à la notion même de propriété privée. «La confiscation proposée des terrains et bâtiments est une attaque massive contre les droits de propriété des citoyens de Hambourg» s'emporte André Trepoll de l'Union chrétienne-démocrate de centre-droit (CDU). «Cela revient à une expropriation par l'Etat. La fin ne justifie pas tous les moyens» conclu l'élu.

L'Allemagne devrait accueillir d'ici à la fin de l'année près de 800 000 réfugiés, venus majoritairement de Syrie et d'Irak.

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