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Indignation en Russie après une série d’arrestations de journalistes d’opposition

Plusieurs militants, élus d'opposition et journalistes ont été arrêtés après avoir organisé une série de manifestations en solidarité au journaliste et élu Ilia Azar, condamné à 15 jours de prison pour avoir manifesté pendant le confinement.

Une trentaine de personnes, dont des journalistes et des élus locaux d'opposition, ont été arrêtées pour avoir manifesté pendant le confinement, en solidarité avec le journaliste et élu Ilia Azar. Ce dernier a été arrêté le 26 mai au cours d'un «piquet solitaire», et condamné deux jours plus tard à 15 jours de prison pour non-respect du confinement et récidive dans l'entorse à la loi sur les manifestations.  

Menant des manifestations solitaires eux aussi, les soutiens d'Ilia Azar ont été arrêtés par la police. Parmi eux l'élu d'opposition Sergueï Mitrokhine, plusieurs députés municipaux ainsi que les journalistes Sergueï Smirnov, Tatiana Felguenhauer et Alexandre Pliouchtchev. Ces derniers journalistes, autorisés à garder leurs téléphones pendant qu'ils étaient retenus par la police, ont posté des photos d'eux sur les réseaux sociaux. 

D'autres personnalités, comme la journaliste Anastassia Lotareva, la photographe Victoria Ivleva et l'écrivain Alissa Ganieva ont elles aussi été arrêtées au cours d'actions de protestations similaires, selon le trihebdomadaire d'opposition Novaïa Gazeta

Les manifestations en solitaire sont courantes en Russie car elles ne nécessitent pas d'autorisation préalable. Mais en raison du confinement, la police a cette fois-ci considéré qu'Ilia Azar avait violé l'interdiction exceptionnelle d'organiser des manifestations. Il a finalement écopé deux jours plus tard d'une condamnation à 15 jours de détention administrative devant un tribunal pour avoir, selon les autorités, agi en récidiviste en raison de faits plus anciens. 

L'opposant, qui travaille actuellement pour le journal Novaïa Gazeta et est en plus élu d'opposition à Moscou, menait une manifestation solitaire pour demander la libération d'un militant, Viktor Nemytov (arrêté un peu plus tôt), et celle d'un ancien policier, Vladimir Vorontsov, emprisonné pour «distribution illégale de pornographie». Ce dernier, qui dénonce des abus de la police russe, se défend de ces chefs d'accusation qu'il dit montés de toutes pièces pour lui nuire.

Bordel ! Une peine de 15 jours pour un piquet solitaire

«Bordel ! Une peine de 15 jours pour un piquet solitaire», s'est indigné le journaliste sur le réseau social Telegram après sa condamnation. Viktor Nemytov a quant à lui été libéré le 29 mai après avoir payé une amende de 20 000 roubles (environ 256 euros), pour non-respect des règles de confinement. 

Les autorités doivent cesser de se servir de la crise sanitaire mondiale comme prétexte pour mettre en œuvre discrimination, répression et censure

«Les autorités doivent cesser de se servir de la crise sanitaire mondiale comme prétexte pour mettre en œuvre discrimination, répression et censure», a condamné la directrice d’Amnesty International Russie Natalia Zviaguina au sujet de l'affaire. 

«Ilia Azar n’a commis aucun crime et n’a même pas enfreint les lois draconiennes relatives aux manifestations. Sa détention témoigne de la lâcheté des autorités et illustre parfaitement la stratégie de la Russie qui consiste à écraser le militantisme et à piétiner les droits humains pour bâillonner toute critique», a-t-elle estimé par ailleurs.