La frontière entre journalisme et relations publiques peut parfois sembler ténue. Quand ce n'est pas inexistante. Selon le média en ligne américain Courier, au moins neuf chaînes de télévision locales ont diffusé un reportage étrangement identique concernant l'entreprise Amazon.
Et pour cause, selon Courier, elles auraient toutes suivi à la lettre un script écrit par un certain Todd Walker... un employé du service de relation publique du géant de la vente en ligne. Ainsi, dans un montage réalisé par Courier, on peut entendre les journalistes régurgiter pratiquement mot pour mot le script en question, dans lequel ils expliquent comment la société de Jeff Bezos «assure la sécurité et la santé de ses employés» pendant la pandémie de Covid-19 et a dépensé 800 millions de dollars en «augmentation de salaires et heures supplémentaires».
Pour accompagner ce script, il y avait une vidéo elle aussi produite par Amazon, ce qui a été mentionné par une seule des neufs chaînes, selon Courier. Pris la main dans le sac, le rédacteur en chef d'une de ces chaînes, Wes Armstead, a plaidé l'ignorance. «Je ne savais pas que ce "package" provenait d'Amazon. Nous ferons en sorte que ça ne se reproduise pas», a-t-il soutenu auprès de Courier.
Quelque jours avant les révélations de Courier, Zach Rael, présentateur sur une chaîne locale dans l'Oklahoma, avait fait savoir que l'équipe de relations publiques d'Amazon lui avait envoyé des images avec «une histoire et un script, à diffuser dans [leurs] émissions». «Ils vendent ça comme donnant à nos téléspectateurs un "aperçu de l'intérieur" de la réponse de l'entreprise au Covid-19. Non», avait-il écrit sur Twitter, expliquant avoir décliné l'offre, et suggérant à Amazon de laisser les journalistes entrer avec leurs propres caméras.
Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, huit employés d'Amazon sont morts après avoir été contaminés par le virus. L'entreprise fait l'objet de nombreuses critiques outre-Atlantique pour le non-respect des règles sanitaires dans les entrepôts autant que pour son manque de transparence vis-à-vis du nombre de ses employés qui ont été testés positifs.