Des manifestants ont incendié dans la soirée du 28 mai un commissariat de Minneapolis (nord des Etats-Unis), lors de la troisième nuit d'affrontements contre la police, aux mains de laquelle est mort un homme noir lors d'une interpellation musclée.
Des milliers de personnes ont assisté à cet incendie dans les quartiers nord de la ville, après que certaines d'entre elles eurent forcé les barrières qui protégeaient le bâtiment et brisé ses vitres.
Les policiers avaient déserté l'endroit, selon les forces de l'ordre. «Peu après 22h, dans l'intérêt de la sécurité de notre personnel, la police de Minneapolis a évacué le commissariat 3», a indiqué celle-ci dans un communiqué. Sur ces images mises en ligne sur les réseaux sociaux, on peut voir les forces de l'ordre quitter leur commissariat.
Les manifestations avaient auparavant été majoritairement pacifiques, avec des foules contenues par des chaînes d'hommes en uniforme. Mais il y a eu des heurts, avec le pillage d'une trentaine de magasins, des incendies, et l'usage de gaz lacrymogène par la police au niveau du commissariat où travaillaient les policiers mis en cause.
De nombreux véhicules ont également été incendiés.
Toujours à Minneapolis, une école du secondaire a été totalement saccagée par les manifestants.
Toutes les vitres de l'établissement, la Minnesota Transitions Charter School, ont été brisées.
Le défilé avait commencé en fin d'après-midi, avec de nombreux manifestants portant un masque pour se protéger du coronavirus, tandis que dans la ville voisine de Saint Paul la police faisait état de dégâts et de vols. «Nous savons qu'il y a beaucoup de colère [...] Mais nous ne pouvons tolérer que certains s'en servent comme occasion pour perpétrer des délits», a déploré le directeur de la police de cette ville, Todd Axtel.
Ces voyous déshonorent la mémoire de George Floyd, et je ne laisserai pas cela se produire
Le gouverneur de l'Etat du Minnesota Tim Walz a signé un décret pour autoriser l'intervention de la garde nationale. Deux cent policiers de l'Etat, ainsi que des hélicoptères, doivent également être envoyés sur place. «La mort de George Floyd doit apporter de la justice et des réformes de fond, pas plus de morts et de destruction», a-t-il estimé dans un communiqué.
De son côté, Donald Trump a lui regretté sur Twitter un «manque total de leadership». «Ces voyous déshonorent la mémoire de George Floyd, et je ne laisserai pas cela se produire», a-t-il poursuivi, avant d'ajouter : «Je viens de parler au gouverneur Tim Walz, je lui ai dit que l'armée était totalement derrière lui. A la moindre difficulté nous prendrons le contrôle, mais quand les pillages commencent, les tirs commencent.»
Un message par la suite signalé par le réseau social pour «apologie de la violence». «Ce tweet viole les règles de Twitter sur l'apologie de la violence. Toutefois, Twitter estime qu'il est dans l'intérêt du public que ce tweet reste accessible», a fait savoir la firme américaine.
A Louisville dans le Kentucky, une manifestation a également dégénéré. Alors que de nombreuses personnes tentaient de renverser un fourgon de police, plusieurs coups de feu ont été tirés, provoquant la panique générale. Selon un communiqué de presse publié par la police le 29 mai et repris par l'agence AP, sept personnes ont été blessées par balle, dont une se trouve actuellement dans un état critique.
George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, est décédé le 25 mai juste après avoir été arrêté par la police, qui le soupçonnait d'avoir voulu écouler un faux billet de 20 dollars. Lors de l'intervention, il a été plaqué au sol par un agent qui a maintenu son genou sur son cou pendant de longues minutes. «Je ne peux plus respire», l'entend-on dire avant de perdre connaissance sur un enregistrement de la scène, devenu viral.
Les quatre agents impliqués ont été licenciés et les autorités locales et fédérales enquêtent sur le drame. Mais aucune inculpation n'a encore eu lieu, ce qui alimente la colère et les frustrations.