Sans surprise, les près de 3 000 députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP) ont adopté le 28 mai une mesure controversée qui a déjà provoqué un regain d'agitation dans la région autonome du sud de la Chine et enclenché un processus de sanctions de la part des Etats-Unis. Au total, la disposition a enregistré 2 878 votes pour, 1 contre et 6 abstentions. L'annonce de son adoption a provoqué un tonnerre d'applaudissements.
Le vote donne mandat au Comité permanent de l'ANP pour rédiger un projet de loi qui sera incorporé dans la mini-constitution de Hong Kong, contournant ainsi le vote du Conseil législatif local. Cette loi devra «empêcher, stopper et réprimer toute action qui menace gravement la sécurité nationale, comme le séparatisme, la subversion, la préparation ou la commission d'activités terroristes, ainsi que les activités de forces étrangères qui constituent une ingérence dans les affaires» de Hong Kong, selon le projet qui avait été soumis à l'ANP.
Le projet prévoit aussi d'autoriser des organismes relevant du gouvernement central à ouvrir à Hong Kong des antennes compétentes en matière de sécurité nationale. Les opposants à l'influence du gouvernement central dans le territoire semi-autonome affirment que la mesure ouvre la voie à une régression sans précédent des libertés dans la métropole financière de 7 millions d'habitants. Des députés pro-Pékin estiment, eux, qu'une loi sur la sécurité nationale va permettre de rassurer les investisseurs étrangers sur la stabilité après les manifestations monstres de 2019 qui ont entraîné de lourdes conséquences économiques.
Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a laissé entendre le 27 mai qu'en représailles les Etats-Unis pourraient retirer à Hong Kong le statut commercial préférentiel dont il bénéficie de la part de Washington.
De son côté, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait appelé le 24 mai à une application «sans le moindre délai» de cette loi qui, selon lui, n’aura «pas d’influence sur le haut degré d’autonomie de Hong Kong, ni les droits, les privilèges et les libertés des habitants, ni les droits et intérêts légitimes des investisseurs étrangers». «Les actes violents et terroristes continuent à se multiplier et des forces étrangères se sont profondément et illégalement ingérées dans les affaires de Hong Kong», avait-il ajouté.