International

«Corruption, fraude et abus de confiance» : Benjamin Netanyahou devant la justice israélienne

Le procès de Benjamin Netanyahou s'est ouvert à Jérusalem. Accusé de corruption, fraude et abus de confiance, il comparaît dans 3 affaires. L'audience a toutefois été ajournée au bout d'une heure et aucune date encore n'a été fixée pour sa reprise.

Benjamin Netanyahou est depuis le 24 mai le premier chef de gouvernement israélien en poste à comparaître devant la justice sous le chef d'accusation de corruption. Le Premier ministre israélien, jugé dans le cadre de trois affaires, est par ailleurs accusé de fraude et d'abus de confiance. 

Il est apparu masqué devant le tribunal, alors que des rassemblements en soutien ou contre lui ont eu lieu ce même jour dans le pays.

Le procès a été ajourné au bout d'une heure d'audience. Les avocats de Benjamin Netanyahou ont demandé plusieurs mois afin d'étudier les éléments de preuve retenus contre leur client alors que le parquet a de son côté requis que les témoins soient entendus le plus vite possible.

Les trois juges vont maintenant étudier ces demandes. Aucune nouvelle date n'a été fixée pour la reprise du procès.

Alors qu'un projet de gouvernement avec son rival politique Benny Gantz, dans lequel il occuperait le poste de Premier ministre pour 18 mois, a été validé début mai par le Parlement israélien, ce procès est un moment capital pour Benjamin Netanyahou, qui risque la prison, mais peut aussi blanchir sa réputation et se débarrasser de ces affaires embarrassantes qui empoisonnent son parcours politique récent. 

Pourtant, selon le diplomate Michel Raimbaud, interrogé par RT France, ce procès attendu n'aura guère d'incidence sur la politique israélienne.

«Les affaires ont traîné pendant très longtemps. Cela a provoqué au moins trois élections en Israël [...] mais comme Benjamin Netanyahou est un homme très habile et qu'il y a plutôt un terrain d'entente avec son rival Benny Gantz, finalement, ça ne changera rien du tout à la politique israélienne», a-t-il estimé.

Pour l'essayiste, Benjamin Netanyahou restera Premier ministre et poursuivra la politique israélienne d'annexion «ce qui réduira d'autant ce qu'il restait des atolls palestiniens» de Cisjordanie, à côté de la «zone de confinement généralisée qu'est la bande de Gaza». 

En Israël, le Premier ministre ne dispose pas de l'immunité judiciaire mais, à la différence des autres élus et des fonctionnaires, il n'a pas à démissionner ou à se retirer le temps de son procès. Benjamin Netanyahou pourra donc poursuivre son mandat à la tête du gouvernement israélien. A l'issue du premier jour de son procès, les trois juges du tribunal de Jérusalem choisis par la Cour suprême pour cette affaire pourront lui demander d'assister à différentes audiences.

Cigares de luxe, bouteilles de Champagne et bijoux

Benjamin Netanyahou est notamment accusé d'avoir utilisé ses fonctions pour s'assurer une couverture favorable par le site d'informations Walla. En contrepartie, il aurait octroyé des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars à Shaul Elovitch, alors patron du principal groupe de télécommunications israélien, Bezeq, dont fait partie Walla. En 2015, Benjamin Netanyahou, qui détenait le portefeuille des Communications au gouvernement, a donné son feu vert à la fusion en 2015 de Bezeq avec le fournisseur de télévision par satellite Yes. 

Dans une autre affaire, Benjamin Netanyahou aurait aussi tenté de s'assurer une couverture favorable de la part du plus grand quotidien payant d'Israël, le Yediot Aharonot. Il aurait ainsi selon les enquêteurs évoqué la possibilité de faire voter une loi qui aurait limité la diffusion d'Israel Hayom, quotidien gratuit et principal concurrent du Yediot, en échange de ce service. La tentative de collusion n'aurait pas abouti dans ce cas.

Enfin, le Premier ministre et des membres de sa famille sont mis en cause pour avoir reçu pour plus de 700 000 shekels (environ 185 000 euros) de cadeaux de la part de richissimes personnalités, notamment du producteur Arnon Milchan et du milliardaire australien James Packer, en échange de faveurs financières ou personnelles. Parmi les «cadeaux», des cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux.

Avant Benjamin Netanyahou, Ehud Olmert, ancienne étoile de son parti de droite Likoud et ancien Premier ministre, avait déjà été inculpé de corruption en 2015, alors qu'il n'exerçait plus ses fonctions de chef de gouvernement. Il avait été reconnu coupable d'avoir touché des pots-de-vin et condamné à 18 mois de prison.