La situation relative à l'épidémie de coronavirus s'améliore en Russie, a affirmé jeudi 14 mai le président russe Vladimir Poutine.
«Ces dernières semaines, tous nos efforts étaient avant tout focalisés sur la lutte contre l'épidémie de coronavirus et la préparation des mesures d'urgence visant à soutenir l'économie et les citoyens», a indiqué Vladimir Poutine au cours d'une réunion diffusée à la télévision publique.
«Mais la situation évolue et nous permet de nous concentrer de nouveau sur les objectifs (...) à long terme», a-t-il poursuivi pendant cette réunion en vidéoconférence consacrée à la recherche génétique, dont il a jugé l'importance «comparable à celle des projets atomiques et spatiaux du XXe siècle».
Ces déclarations interviennent après une légère baisse du nombre de nouveaux cas recensés au cours des dernières 24 heures en Russie, qui reste le deuxième pays le plus touché du monde en nombre de personnes contaminées, avec 262 843 cas au total. Parmi elles, plus de 58 000 sont rétablies et 2 418 patients sont décédés des suites du coronavirus. Depuis le 3 mai, la Russie a enregistré quotidiennement plus de 10 000 cas supplémentaires, à l'exception de la journée de jeudi, quand 9 974 cas ont été dénombrés.
La Russie accuse deux médias occidentaux de «désinformation»
Les autorités russes ont indiqué jeudi vérifier sur des soupçons de «désinformation» un article du journal américain New York Times et un autre du Financial Times britannique affirmant que la faible mortalité liée au coronavirus dans le pays serait largement sous-estimée.
L'agence russe de surveillance des télécoms, Roskomnadzor, a indiqué à l'AFP «vérifier» ces deux articles au titre d'une loi punissant la «désinformation». La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a de son côté indiqué avoir envoyé aux deux médias en question des lettres exigeant qu'ils «retirent la désinformation publiée».
...certaines forces en Occident cherchent à utiliser la crise actuelle pour discréditer les efforts gouvernementaux dans un certain nombre de pays et à déstabiliser la situation
«Nous voyons, avec de plus en plus de preuves, que certaines forces en Occident cherchent à instrumentaliser la crise actuelle pour discréditer les efforts gouvernementaux dans un certain nombre de pays et à déstabiliser la situation», a affirmé Mme Zakharova aux journalistes.
La Russie a également l'intention de se plaindre à ce sujet auprès de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de l'UNESCO et de l'ONU, a-t-elle ajouté.
L'article du New York Times affirme que la ville de Moscou, épicentre de l'épidémie en Russie, enregistrerait en réalité plus de morts du coronavirus que ce qui est officiellement recensé. Celui du Financial Times assure que la mortalité liée au virus dans le pays pourrait être de 70% supérieure aux chiffres officiels.
La Russie, deuxième pays au monde en nombre de contaminations, ne se classe que 18e en termes de nombre de morts et 58e pour les décès par million d'habitants.
Certaines voix critiques en Russie estiment ces chiffres sous-estimés, mais les autorités démentent toute manipulation, mettant en avant le résultat de mesures fortes prises dès le début de la crise et d'une campagne massive de dépistage de la population.
La Russie explique également sa mortalité plus faible par la réorganisation de son système de santé, l'épidémie étant arrivée plus tard qu'en Europe occidentale, ce qui a laissé au pays le temps de réagir et de créer davantage de lits dans les hôpitaux.
Moscou va tester massivement sa population
Moscou, ville la plus touchée par l'épidémie de nouveau coronavirus en Russie, a annoncé le 14 mai le lancement d'une campagne massive de dépistage par tirage au sort pour tenter d'établir le niveau réel des contaminations et la présence d'anticorps au sein la population.
A compter du vendredi 15 mai, 70 000 habitants de la capitale seront sélectionnés au hasard tous les trois jours pour mener à bien cette étude dont l'ampleur serait «unique au monde», a dit le maire de Moscou Sergueï Sobianine à la télévision.
«A tout moment, nous saurons exactement quelle part des Moscovites est infectée par le coronavirus et quelle part a développé une immunité. Et le plus important : quelle est la dynamique réelle de propagation de la maladie», a-t-il ajouté sur son blog.
Son adjointe pour les questions sociales, Anastassia Rakova, a précisé, selon le centre de lutte contre le coronavirus de Moscou, que la campagne visait à détecter «la présence ou non chez les habitants d'anticorps», un élément crucial en vue de l'acquisition d'une hypothétique «immunité collective».
Les résultats personnels seront ensuite communiqués à chaque personne avec des recommandations de médecins, tandis que les résultats globaux de l'étude seront rendus publics et pris en compte dans les décisions quant à la levée du confinement et des autres restrictions en place à Moscou jusqu'au 31 mai.