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Le Covid-19, potentielle MST ? Selon des chercheurs chinois, le virus peut subsister dans le sperme

Une étude révèle que le nouveau coronavirus peut persister dans le sperme, même en situation de rémission. Selon les chercheurs chinois à l'origine du constat, cette découverte soulève la question d'une possible transmission sexuelle de la maladie.

Une équipe de chercheurs chinois a constaté que le sperme de plusieurs personnes ayant contracté le Covid-19 était positif au virus, y compris chez des patients en rémission, selon une étude publiée le 7 mai par la revue scientifique américaine Journal of American Medical Association. L'étude a été réalisée par ces chercheurs de Pékin sur 38 hommes passés par l'hôpital de Shangqiu, dans la province du Henan (Nord-Est). Six de ces patients ont vu leur sperme testé positif, soit 16%, dont deux qui avaient passé la phase aiguë de la maladie et étaient considérés en état de rémission.

Les auteurs soulignent néanmoins que la portée de l'étude est «limitée par la faible taille de l'échantillon» testé, et que d'autres études seront nécessaires pour mieux comprendre la durée de vie du virus dans le sperme, ainsi que les conditions de sa transmission.

Cela a été précédemment démontré avec de nombreux autres virus, comme Ebola et Zika

«Des études supplémentaires sont nécessaires en ce qui concerne les informations détaillées sur l'excrétion de virus, le temps de survie et la concentration dans le sperme», a écrit l'équipe scientifique dans une étude publiée dans JAMA Network Open. «S'il pouvait être prouvé que le SARS-CoV-2 peut être transmis sexuellement [cela] pourrait être un élément essentiel de la prévention», ont-ils expliqué. Une prévention qui se révélerait d'autant plus nécessaire, «compte tenu du fait que le SARS-CoV-2 a été détecté dans le sperme de patients en convalescence», ont ajouté ces chercheurs.

Il ne s'agit pas de tirer des conclusions hâtives, et une étude plus large est nécessaire. Une précédente petite étude sur 12 patients porteurs du Covid-19 en Chine, effectuée entre février et mars, avait en effet révélé que tous avaient un résultat négatif au SARS-CoV-2 dans des échantillons de sperme.

Allan Pacey, professeur d'andrologie à l'Université de Sheffield en Grande-Bretagne, a quant à lui expliqué que les études actuelles ne devaient pas être considérées comme concluantes, car il y avait des difficultés techniques à tester le sperme pour les virus. Il a ainsi fait valoir que la présence de SARS-CoV-2 dans le sperme ne montrait pas si le virus était actif et capable de provoquer une infection. En outre, ce professeur estime qu'il n'y a rien de surprenant à ce que le virus soit retrouvé dans le sperme de certains hommes, car «cela a été précédemment démontré avec de nombreux autres virus, comme Ebola et Zika».

Le Covid-19 est connu pour se transmettre par des gouttelettes, des sécrétions projetées par la personne atteinte. Des traces du virus ont déjà été détectées dans la salive, l'urine et les selles.