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«Non à un retour à la normale» : l'appel de célébrités pour une «transformation radicale» agace

Plusieurs célébrités du monde de la musique ou du cinéma, mais aussi vingt Prix Nobel, ont signé une courte tribune dans Le Monde contre le «consumérisme», que d'aucuns, étant donné la qualité des signataires, ont trouvé déplacée.

Une impressionnante brochette de stars et de scientifiques se sont joints à l'appel «Non à un retour à la normale», publié le 6 mai dans Le Monde. Initié par l'actrice oscarisée Juliette Binoche et l'universitaire écologiste Aurélien Barrau, le texte a été signé entre autres par Madonna, Cate Blanchett, Robert De Niro, Marion Cotillard, Marianne Faithfull mais aussi un grand nombre de scientifiques et vingt Prix Nobel. 

«La catastrophe écologique en cours relève d’une "méta-crise" : l’extinction massive de la vie sur Terre», affirme le texte. «Le consumérisme nous a conduits à nier la vie en elle-même : celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains. La pollution, le réchauffement et la destruction des espaces naturels mènent le monde à un point de rupture», lit-on plus loin. 

«Pour ces raisons, jointes aux inégalités sociales toujours croissantes, il nous semble inenvisageable de "revenir à la normal"», plaident les signataires, pour qui il s'agit là d'une «question de survie».

Mais cet appel au changement exigé par ces personnalités publiques n'a pas manqué de faire grincer des dents, notamment en raison de la banalité du texte publié, qui ne comporte aucun détail sur la modalité du changement réclamé. 

Honte de rien !

«15 lignes de lieux communs et de postures, par un collectif de privilégiés», a notamment raillé la journaliste Eugénie Bastié sur Twitter. 

Le médecin et entrepreneur Laurent Alexandre, qui se présente lui-même sur son compte Twitter comme un «anti-collapsologue [personne qui théorise l'effondrement de la société, ndlr.]» et un anti-Greta Thunberg a lui aussi réagi. 

«Ces gentils bobos nous proposent de retourner en 1850 [...] Ces intellectuels REPUS ne réalisent pas que les classes populaires veulent consommer», a-t-il estimé. 

Le chroniqueur Charles Consigny est lui aussi monté au créneau : «Des millionnaires qui passent leur vie dans les avions et consomment chacun comme une dizaine de personnes vous expliquent qu’il faut "changer nos modes de vie et de consommation". Honte de rien !», a-t-il écrit sur le réseau social. 

Dans le même temps et sur les pages du même journal, l'ancien ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot s'est fendu d'une liste de 100 propositions pour «un nouveau monde». L'ancien journaliste et globe-trotter entend «réparer la planète» et propose de «relocaliser des pans entiers de l’économie» ou encore d'«entendre la jeunesse».