«Que ma nation, à laquelle jamais je n'ai voulu nuire, et notre président, à qui je serai fidèle toute ma vie, me pardonnent. Je quitte la fonction de ministre de l'Intérieur que j'ai eu l'honneur de remplir», a déclaré ce 12 avril le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu, dans un communiqué cité par l'AFP.
Plus tard dans la soirée, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé refuser cette démission. «Il va continuer de remplir sa fonction», a déclaré la présidence turque dans un communiqué.
Le 10 avril au soir, le ministère de l'Intérieur avait pris des millions de Turcs de court en annonçant, deux heures avant son entrée en vigueur, une interdiction de sortir pendant 48 heures dans les 30 plus grandes villes du pays.
Cette annonce, faite au dernier moment, a eu pour effet immédiat d'inciter des milliers de Turcs paniqués à se précipiter dans les commerces pour faire des provisions, sans tenir compte des règles de distanciation sociale.
Comme le rapporte l'AFP, de nombreux opposants avaient dans la foulée critiqué le gouvernement pour la manière dont ce confinement a été mis en œuvre, accusant les autorités d'avoir mis en danger la vie de milliers de personnes.
S'il affirme désormais assumer «l'entière responsabilité de la mise en œuvre de cette mesure», Süleyman Soylu avait dans un premier temps souligné que la mise en place du confinement s'était déroulée dans le cadre des instructions du président Recep Tayyip Erdogan.
57 000 cas détectés, 1 200 décès
Le confinement, qui doit prendre fin le 12 avril à minuit, a été mis en place alors que l'épidémie de Covid-19 s'est accélérée sur le territoire turc ces derniers jours.
Selon le dernier bilan officiel publié par le ministère turc de la Santé, près de 57 000 personnes ont été infectées par le virus et environ 1 200 personnes en sont mortes.
Süleyman Soylu, âgé de 50 ans, avait pris ses fonctions de ministre de l'Intérieur en août 2016, un mois après la tentative de coup d'Etat visant à renverser le président Erdogan.
A ce titre, le ministre de l'Intérieur a piloté les purges massives qui ont été lancées après le putsch avorté.
Dans ce contexte, plusieurs dizaines de milliers de personnes soupçonnées de soutenir les putschistes, mais aussi des opposants pro-kurdes et des journalistes critiques, ont été arrêtées.