Bien avant que le sujet de l’indépendance catalane ne commence à dominer les conversations politiques, la petite commune de Gallifa dont la population s’élève à 224 habitants, s’est déjà détachée de la mère patrie.
Lorsque Gallifa a effectué le geste symbolique d’envoyer en 2012 les impôts de la commune, dont le montant s’élève à près de 1 600 euros, aux autorités catalanes plutôt qu’à Madrid, le petit village a attiré l’attention des médias espagnols qui ont baptisé le hameau de maisons en brique ocre de «berceau de l’indépendance catalane».
Dimanche, l’Espagne examinera de plus près jusqu’où ce mouvement qui a pris racine dans des petits villages tels que Gallifa s’est propagé, puisqu’auront lieu les élections régionales, considérées par beaucoup comme un plébiscite en faveur de l'indépendance de la Catalogne.
Les résultats pourraient pousser l’Espagne vers des terres inconnues, plongeant le pays dans une crise politique profonde, puisque Madrid se prononce ouvertement contre la sécession de la Catalogne, qui représente 16% de la population espagnole et qui est son moteur économique, pesant à peu près 20% du PIB national.
L’Espagne prévient des graves conséquences auxquelles la Catalogne devra faire face
Alors que les sondages les plus récents prédisent que les partis pro indépendance pourraient gagner d’une courte tête dimanche, toute une série d’avertissements a été diffusée cette semaine de la part de ceux qui s’opposent à l’indépendance de la Catalogne.
La Banque centrale espagnole a prévenu que la sécession pourrait inclure l’exclusion de la Catalogne de la zone euro. En même temps, les principales banques du pays, y compris deux d’entre elles basées dans la région, ont prévenu que l’indépendance pourrait miner la stabilité financière du pays, au moment où celui-ci est à peine en train de se relever des effets dévastateurs de la crise économique.
Le gouvernement espagnol a à son tour argumenté que si les Catalans les quittent, cela leur en coûtera la nationalité espagnole. «On ne dit pas aux Catalans les vraies conséquences de l’indépendance», a noté le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy mardi. «Elle [la Catalogne] quittera l’UE. Qu’est ce qui arrivera aux retraites ? Il y plus de gens en retraite que de cotisants. Qu’est ce qui arrivera aux institutions financières, aux dépôts bancaires et à la devise ?»
Au cours des dernières années, le parti au pouvoir a parfois bloqué les demandes catalanes priant de tenir un référendum sur l’indépendance, sous prétexte que la constitution espagnole empêche les régions de prendre unilatéralement la décision de leur souveraineté.
Les dirigeants européens au secours de Mariano Rajoy
La position de Rajoy a été soutenue par plusieurs dirigeants à travers tout l’Europe. Plusieurs d’entre eux craignent qu’un éventuel succès en Catalogne ne suscite les velléités d’autres mouvements sécessionnistes existant sur le vieux continent.
Le Premier ministre britannique David Cameron a pointé du doigt ce référendum, faisant savoir qu’en cas de sécession, la région sera exclue de l’Union européenne. Entretemps, Barack Obama s’est aussi prononcé pour une Espagne unie, de même qu’Angela Merkel qui a déclaré son soutien à l’«intégrité territoriale» du pays.
De plus, volant au secours du Premier ministre espagnol, l’ex-président français Nicolas Sarkozy a décidé de se rendre personnellement à Barcelone pour «soutenir Monsieur Rajoy et le Parti populaire en vue des élections», a annoncé cette semaine le parti Les Républicains.
Aller plus loin : Plusieurs milliers de manifestants indépendantistes défilent à Barcelone