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Covid-19 : Kissinger appelle le monde à préserver les principes de «l’ordre libéral international»

Inquiet des répercussions du Covid-19 sur l'ordre mondial, le prix Nobel controversé a tancé l'«anachronisme, faisant renaître la ville fortifiée». Il appelle les dirigeants à s'entendre sur un «nouvel ordre de l'après-coronavirus».

La crise du Covid-19 représente un défi historique pour les différents gouvernements dans le monde, frappés plus ou moins durement par la pandémie. Analysant cet état de fait et ses possibles conséquences, l'ancien Secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger a estimé le 3 avril dans le Wall street journal que la pandémie de coronavirus modifierait «à jamais l’ordre mondial».

L'ordre mondial modifié «à jamais» ?

«Lorsque la pandémie de Covid-19 sera passée, les institutions de nombreux pays donneront l’impression d’avoir échoué. La question n’est pas de savoir si ce jugement est juste [...] La réalité est qu’après le coronavirus, le monde ne sera jamais plus comme avant», a notamment estimé le Prix Nobel de la paix controversé dans le texte, dont une version traduite a été publiée dans l'Opinion.

«La pandémie a donné lieu à un anachronisme, faisant renaître la ville fortifiée à une époque où la prospérité dépend des échanges mondiaux et de la libre circulation des individus», s'est par ailleurs désolé le nonagénaire pour qui aucun pays, «pas même les Etats-Unis», ne peut vaincre le virus sur «la base d’un effort purement national». 

Car Henry Kissinger estime qu'outre la préoccupante urgence sanitaire actuelle, les dirigeants doivent travailler à la mise en place «d'une initiative parallèle pour assurer la transition vers le nouvel ordre de l'après-coronavirus». Parallèlement à la résolution de la crise sanitaire et économique, ces derniers doivent selon lui veiller à «préserver les principes de l’ordre libéral international». 

«Les démocraties dans le monde doivent défendre et préserver les valeurs qu’elles ont héritées des Lumières», estime l'ancien diplomate, qui conclut en estimant que les dirigeants du monde doivent «gérer la crise tout en bâtissant l’avenir». «Leur échec pourrait consumer le monde», conclut celui qui fût un temps le diplomate le plus influent du monde. 

Bien que très âgé, Henry Kissinger apparaît encore régulièrement en public comme en janvier dernier aux côtés de John Kerry et d'Angela Merkel à Berlin au cours d'une cérémonie où la chancelière allemande s'est vu décerner... un prix Henry-Kissinger. En juin dernier, il figurait encore parmi les participants à la 67e édition du Groupe Bilderberg à Montreux en Suisse.