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Paris, Londres et Berlin ont fait pression pour mettre en échec les tests d’émission automobiles

Alors que ces trois pays et de nombreux politiciens ont pris une posture indignée face à l’affaire Volkswagen, il s’avère que ils ont exercé leur influence pour s’assurer que les tests en questions ne soient pas trop rigoureux, selon The Guardian.

Il y a de l’hypocrisie dans cette situation : les documents obtenus par the Guardian révèlent que tout juste quatre mois avant le début du scandale Volkswagen, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont mené une campagne de lobbying pour conserver des failles dans les tests d’émissions des voitures destinées au marché européen, ce qui provoquerait des émissions de dioxyde de carbone supérieures de 14% en comparaison aux taux déclarés. 

Ces failles sont en place depuis l’instauration de l’essai NEDC [Le nouveau cycle européen de conduite] en 1970. Ces trois pays ont donc fait pression pour reporter ces tests obsolètes, alors qu’un nouveau test WLTP [procédure d'essai mondiale harmonisée pour les voitures particulières et véhicules utilitaires légers] est censé remplacer la procédure précédente en 2017.

Mais le Royaume-Uni a insisté qu’on laisse une certaine flexibilité, comme le rechargement des batteries de la voiture au maximum avant le test et d’autres mesures encore permettant aux constructeurs d’effectuer ces tests dans des conditions qui leur sont favorables.

Autre exemple avec l’Allemagne, qui a conduit ses essais sur des pistes en descente, permettant ainsi aux entreprises de déclarer une valeur de CO2 rejetée inférieure de 4% à celle mesurée. La France a quant à elle sciemment soutenu toutes ces failles.

Toutes ensemble, ces entorses à la règlementation permettent donc de rejeter quelque 14% de CO2 de plus que les régulations permises par l’Union européenne, selon l’analyse du think tank vert Transport and Environment.

En outre, ces failles ont pour conéquence l’augmentation des factures de carburant de 140 euros par an pour les usagers de la route. Sans parler des émissions de CO2 plus importantes qui sont à l’origine du changement climatique alors que les importantes émissions d’oxyde d'azote dans l’affaire Volkswagen provoquent une pollution de l’air locale et accroissent les risques d’asthme pour la population.

Mais ces petits arrangements n’ont pas empêché ces pays d’accuser le groupe allemand et appeler à une enquête européenne. Quelques politiciens européens se sont également emportés, comme par exemple la ministre française de l'Ecologie, Ségolène Royal qui a annoncé le lancement d’une enquête «approfondie» de l'affaire, tout en dénonçant «une forme de vol du contribuable et de l’Etat» de la part du géant allemand. Même si son gouvernement coopérait activement à ces manquements.

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