La stratégie est simple : multiplier les tests et placer les malades en quarantaine afin d'empêcher une saturation des hôpitaux, où le personnel et le matériel manquent. Contrairement à la France, l'Allemagne a généralisé l'utilisation de ces tests, et affirme pratiquer entre 300 000 et 500 000 dépistages par semaine. En outre, un document du ministère de l'Intérieur cité par l'AFP prescrit la mise en place d'une stratégie de lutte contre le virus à la sud-coréenne, avec un objectif de 200 000 tests par jour.
Ainsi, ce document avance qu'avec un tel nombre de tests, l'ensemble des personnes qui pensent être contaminées pourront être dépistées, ainsi que toutes celles ayant été en contact avec un malade. Pour l'heure, sont testées seulement les personnes étant à la fois malades et ayant été en contact avec une personne positive.
L'utilisation de la géolocalisation «inévitable à long terme»
Afin de permettre à la population d'éviter les endroits où se trouveraient des personnes testées positives, le document juge le recours à la géolocalisation, déjà utilisée en Corée du Sud, «inévitable à long terme».
Dans cette idée, Lothar Wieler, le responsable de l'Institut Robert Koch, chargé de piloter la lutte contre l'épidémie en Allemagne, admet au quotidien FAZ que la «Corée du Sud peut être un exemple». Louant également les avantages de la géolocalisation pour endiguer la propagation du virus, Lothar Wieler reconnait néanmoins une inquiétude dans l'opinion publique quant à l'utilisation d'une telle technologie.
La crainte d'une catastrophe sanitaire toujours présente en Allemagne
Malgré un début de gestion de crise encourageant, Lothar Wieler n’exclut pas que le pays finisse par connaître une situation à l’italienne, avec un système de santé débordé et un taux de létalité catastrophique.
Si l'Allemagne semble pour l'instant réussir à contenir l'épidémie grâce à un «excellent système de santé, peut-être l'un des meilleurs au monde» selon Angela Merkel, l'épidémie de Covid-19 expose tout de même les problèmes structuraux du système sanitaire allemand, notamment le manque de personnel. Comme le décrit Reinhard Busse, spécialiste en économie de la santé à l'Université technique de Berlin interrogé par l'AFP : «Ces derniers mois, certains lits de soins intensifs ont été fermés parce qu'il n'y avait pas assez de personnel.»
L'insuffisance des effectifs de santé est un enjeu crucial en Allemagne où «même avant la crise du coronavirus, des opérations normales ne pouvaient être maintenues en raison du manque de personnel», selon Uwe Lübking, de l'Association des villes allemandes, interrogé par l'AFP.