L'épidémie de coronavirus n'empêche pas les États-Unis de poursuivre leur guerre économique contre l'Iran. Et Washington ne semble pas décidée à faire de cadeau aux iraniens alors que le pays a annoncé le 26 mars avoir comptabilisé 29 406 contaminés et 2 234 morts liés au Covid-19.
Le département du Trésor américain a ainsi imposé de nouvelles sanctions contre Téhéran et accuse plusieurs entreprises iraniennes d’appuyer les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique iranienne reconnue comme organisation terroriste par les Américains. Dans le détail, ces sanctions concernent 15 personnalités proches du pouvoir iranien, trois entreprises de construction, une entreprise pétrochimique ainsi qu'une organisation religieuse qui figurent désormais sur la liste des sanctions américaines.
Une exemption de sanctions américaines de 30 jours pour l'Irak
Toutefois les Américains ont assoupli leur politique à l'égard d'un pays qui a besoin de commercer avec l'Iran : l'Irak va bénéficier d’une exemption de 30 jours pour importer de l’électricité iranienne.
Dans un communiqué, la porte-parole du département d’Etat américain Morgan Ortagus a toutefois rappelé que «certains individus et organismes affiliés aux Gardiens de la révolution iranienne» tirent profit de la dépendance de l’Irak vis-à-vis de l’Iran en matière d’énergie.
De son côté Téhéran a appelé Washington à assouplir ses sanctions même si la république islamique a refusé toute aide humanitaire américaine.
La Russie souhaite un moratoire sur les sanctions économiques visant plusieurs pays
L'Iran peut aussi compter sur le soutien de la Russie qui est aussi ciblée par des sanctions économiques. Le président russe, Vladimir Poutine, a proposé un moratoire sur ces mesures qui pénalisent durement l'économie de plusieurs pays qui doivent en plus gérer la crise provoquée par la propagation du coronavirus. «Dans l'idéal, il faudrait introduire un moratoire commun sur les restrictions concernant les biens essentiels et les transactions financières pour leur achat», a déclaré Vladimir Poutine dans le cadre de son discours au sommet des pays du G20.
L'économie russe, déjà affaiblie par les sanctions économiques occidentales depuis le conflit en Ukraine de 2014, doit aussi faire face aux conséquences de l'épidémie qui provoque la chute du prix du pétrole et par ricochet celle du rouble. Mais Vladimir Poutine avait déjà exprimé son opposition à ces sanctions bien avant la pandémie : à l'occasion du sommet du G20, la Russie avait dénoncé les sanctions économiques unilatérales prises notamment contre des pays comme l'Iran, la Syrie ou encore le Venezuela.
Ces sanctions économiques et commerciales doivent être réévaluées de toute urgence
De son côté, l'ONU appelle à suspendre les sanctions dans ce contexte de crise sanitaire. Ainsi, la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme Michelle Bachelet a demandé, dans un communiqué publié le 24 mars, que les sanctions internationales qui frappent l'Iran et d'autres pays comme le Venezuela, Cuba, la Corée du Nord ou le Zimbabwe soient «assouplies ou suspendues» en cette «période cruciale.»
Selon Michelle Bachelet, ces sanctions économiques et commerciales «doivent être réévaluées de toute urgence dans les pays faisant face à la pandémie de coronavirus, en raison de leur incidence potentiellement négative sur le secteur de la santé et sur les droits de l'homme».
«Il est nécessaire d'appliquer des dérogations vastes et pragmatiques pour raison humanitaire face à ces sanctions, et d'accorder des autorisations rapides et flexibles pour obtenir les fournitures et équipements médicaux essentiels», a enfin déclaré la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme.
La pandémie de Covid-19 a déjà fait plus de 25 000 morts à l'échelle mondiale et contaminé près de 500 millions de personnes.