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En visite en Bavière pour parler immigration, Viktor Orban fustige «l'impérialisme moral» allemand

C'est en tout cas l’impression qui se dégage de cette invitation officielle faite par la CSU, au pouvoir en Bavière, à Viktor Orban, Premier ministre hongrois opposé à l'accueil des réfugiés. Un geste symbolique, s'il en est.

Le Premier ministre hongrois a participé ce 23 septembre à une réunion de la CSU portant sur le thème «Responsabilité en Europe, surmonter ensemble le flux des réfugiés». A cette occasion, il a fustigé «l’impérialisme moral» que tente selon lui d'imposer la chancelière allemande Angela Merkel au reste de l'Europe concernant l'accueil des réfugiés. 

Il a également proposé un plan en six points pour gérer cette crise. Parmi les points, offrir à la Grèce la possibilité de transférer le contrôle de ses frontières aux pays européens désireux de s'en charger et la création d'un fonds européen doté de 3 milliards d'euros pour soutenir les pays voisins de la Syrie. 

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Cette invitation n'a rien d'anodin puisque la CSU, Union chrétienne-sociale, est au pouvoir en Bavière et est le parti frère de la CDU, formation politique à laquelle appartient Angela Merkel. En outre,  la chancelière se trouve en conflit direct avec Viktor Orban, lequel se pose en chef de file d'une ligne dure vis-à-vis des migrants. La Hongrie fait ainsi de plus en plus figure de leader d'une fronde des pays de l'Est contre les mesures d'accueil des réfugiés décidées au plan européen.

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Bien avant cette invitation, le parti bavarois allié de la CDU d’Angela Merkel avait déjà pris clairement ses distances avec la chancelière. La région est en effet aux premières lignes géographiques pour l'accueil des réfugiés. Horst Seehofer, président de la CSU et ministre-président de Bavière avait ainsi jugé que la décision d'accueillir les réfugiés se trouvant en Hongrie était, selon lui, «une erreur». 

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Une vois discordante de la CSU, Hans-Peter Friedrich, par ailleurs ancien ministre de l’intérieur d’Angela Merkel, qui avait estimé que l’accueil des réfugiés constituait «une erreur de jugement sans précédent». Selon lui, il était évident que des terroristes s'étaient infiltrés parmi les nouveaux arrivants.

Angela Merkel, qui a choisi d'adopter une politique d'accueil des réfugiés, se trouve ainsi dans la situation paradoxale de se voir soutenue par ses rivaux du SPD social démocrate et par les Verts. Mais elle demeure très critiquée par ses alliés traditionnels bavarois. 

Quoi qu'il en soit, cette invitation intervient alors qu'un accord aux forceps vient d'être trouvé à Bruxelles entre les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne portant sur l’accueil de 120 000 migrants. Devant la réticence affichée par certains pays de l'Est, le vote à la majorité a été nécessaire pour faire passer le plan établi par la Commission européenne. La Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie et la République tchèque ont ainsi voté contre le mécanisme.

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