Les forces de sécurité israéliennes soutiennent que le Palestinien a été tué près de Hébron par la déflagration d’un engin explosif qu'il destinait aux soldats israéliens. Mais les services de sécurité palestiniens démentent cette information, et assurent que Dia al-Talameh, âgé de 21 ans, a été atteint par des tirs de soldats israéliens et n’avait pas l’intention de commettre un attentat.
Les affrontements entre les Palestiniens et les Israéliens continuent : une femme a été blessée mardi matin à Hébron par des tirs israéliens près d'un checkpoint israélien proche du centre de la ville, ont rapporté des témoins à l'AFP. Selon les dires de l’armée israélienne qui accuse toujours les Palestiniens, elle aurait essayé de poignarder un soldat, causant la réplique des forces israéliennes. A la suite des tirs, la femme a été prise en charge par une ambulance et transportée à l’hôpital.
Autre exemple de tirs israéliens, sur une vidéo apparue sur la page Facebook du site d’information israélien 0404.co.il. : les images montrent un soldat israélien tirant sur un jeune Palestinien qui se trouve au loin, on ne distingue même pas s’il jette une pierre. La fusillade, qui aurait eu lieu en Cisjordanie, n’a pas été fatale pour le jeune homme, qui aurait été blessé à la jambe.
Cette vidéo, encore en cours d’authentification, a été publiée il y a quelques jours, au moment où Israël a annoncé qu’il recourra à des tireurs équipés de fusils de précision contre les protestants palestiniens que jettent des pierres pendant les manifestations contre les actions des autorités israéliennes. La décision a toutefois été suspendue, car les autorités israéliennes veulent d’abord entrainer les tireurs de manière appropriée.
Des lois israéliennes génératrices de tensions
Cependant, Alon Ben-Meir, professeur en relations internationales du Centre des affaires internationales, qualifie cette décision de «malhonnête et contreproductive».
Selon lui, un soldat peut protéger sa vie si elle est menacée, mais sur cette vidéo le Palestinien ne regarde même pas les soldats. De tels agissements de la part des militaires israéliens créent «de grandes tensions entre les deux côtés».
La réponse israélienne aux pierres des Palestiniens qui, en fait, manifestent contre des lois israéliennes déjà très répressives pour eux, n’est pas «acceptable» du tout, estime l’expert. Plus tôt, Israël a permis à ses forces de police d’utiliser les armes à feu contre les Palestiniens, ce que le professeur considère comme «une provocation» contre la population qui ne facilitera pas la situation qui «probablement, ne fera que s’aggraver». Pour l’instant, la loi est momentanément suspendue.
Une réponse «inadéquate»
Les arabes et les hommes politiques de gauche en Israël ont également fustigé la décision d’utiliser des snipers contre les manifestants. Aida Touma-Sliman, député de la Liste unifiée, coalition qui se compose des partis arabes en Israël, a même avancé que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou cherche juste «un permis de tuer».
Mais Micky Rosenfeld, le porte-parole de la police israélienne, estime que «la police israélienne fonctionne correctement et répond exactement aux menaces telles qu’elles sont». Selon lui, la police israélienne agit conformément au niveau d’une menace.
Si la situation met des vies en péril, et même s’il s’agit d’adolescents palestiniens qui jettent des pierres, les agents de police agiront de manière proportionnelle, a avoué le porte-parole. S’il est nécessaire de renforcer les mesures et si cela est approuvé par les autorités, la police israélienne agira conformément aux ordres.
Un grand nombre d’hommes politiques se sont prononcés contre cette décision en la considérant d’«inadéquate», car les deux groupes ont un accès aux armes très contrasté : les autorités israéliennes possèdent des pistolets mitrailleurs et autres armes de poing, alors que beaucoup de jeunes Palestiniens ne se servent que de lance-pierres.
Précédemment, l’utilisation des fusils de précision n’étaient autorisée qu’en Cisjordanie. Et selon l’organisation des droits de l'Homme Amnesty international, depuis 2011 plus de 200 Palestiniens, y compris 60 enfants, ont été grièvement blessés par les armes de Tsahal alors que d’autres sont violemment arrêtés.
Attention aux symptômes, pas au problème essentiel
La nouvelle loi a été adoptée après plusieurs jours de heurts entre les Palestiniens et la police près du Mont du Temple à Jérusalem, lors desquels un grand nombre de personnes a été blessé et la mosquée Al-Aqsa endommagée. Selon les rapports des médias locaux, plusieurs Palestiniens ont également été touché par des balles.
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Pour sa part, Alon Ben-Meir estime que la racine du problème n’a toujours pas été évoquée par Israël. Les autorités israéliennes doivent «résoudre efficacement ce problème et retourner à la politique de non-interdiction aux Israéliens de prier sur le Mont du Temple», a déclaré le professeur, car si on continue à refuser la permission de prier sur ce site sacré des musulmans, cela donnera naissance à une confrontation majeure entre les deux parties.
Quod licet Jovi non licet bovi ?
L’adoption de l’utilisation de la force létale a également suscité des questions sur son implémentation, car des manifestants israéliens recourent également au jet de pierre contre les Palestiniens.
Cette vidéo montre des colons israéliens jetant des pierres sur des bergers palestiniens. Des voix s’élèvent pour mentionner que les Israéliens ne font généralement face à aucune punition à la suite de leurs actions.