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Les Etats-Unis vont installer de nouvelles armes nucléaires en Allemagne

Alors que le Bundestag avait demandé le retrait des armes atomiques américaines d'Allemagne, un nouvel accord permet aux Etats-Unis de stocker vingt armes atomiques supplémentaires en Europe. Une initiative mal perçue du côte Russe.

D'ici quelques semaines, l'arsenal américain en Allemagne va croître de manière significative. La chaîne de télévision allemande ZDF rapporte en effet que les Etats-Unis vont importer prochainement vingt nouvelles armes nucléaires en Allemagne.

Des bombes qui sont quatre fois plus puissantes que celle qui a été utilisée à Hiroshima. Ce nouvel envoi américain suscite en tout cas la controverse. Pour l'ancien ministre de la Défense allemand, Willy Wimmer, membre du parti d'Angela Merkel, «ces nouvelles options d'attaque contre la Russie» sont clairement «une provocation à l'encontre de nos voisins russes».

Cette décision, validée par Angela Merkel, fait en tout cas dire à certains médias allemands que la Chancelière va à l'encontre du parlement. Avec la volonté d'une large majorité des Allemands, le Bundestag avait en effet estimé que les Etats-Unis devaient retirer leurs armes nucléaires d'Allemagne.

Ce nouveau déploiement américain inquiète en tout cas aussi la Russie, qui s'est dite préoccupée. Pour Moscou, l'accueil de nouvelles bombes nucléaires est «une violation des articles 1 et 2 du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », a expliqué Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. 

Ce débat sur les armes atomiques américaines en Europe dure en tout cas depuis de longues années. Les États-Unis stockent en effet, depuis la Guerre froide, de nombreuses têtes nucléaires dans des bases de l'Otan en Europe. Il y en aurait eu jusqu'à 500 au pic de la Guerre froide.

Mais la fin de la rivalité avec l'Union soviétique n'a pas mis fin à la volonté américaine de garder des armes atomiques en Europe. Ce sont ainsi 200 bombes qui étaient évoquées en 2010, lorsque le chef de la diplomatie allemande de l'époque, Guido Westerwelle, avait exigé le retrait des armes américaines d'Allemagne, conformément à un souhait émis de longue date par certains partis politiques et une partie de l'opinion publique. Cette demande était alors poussée par cinq pays du Nord de l'Euope : la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Norvège. Le tout contre l'avis d'Angela Merkel, plus réticente au départ des armes atomiques américaines.

Alors secrétaire d’État, Hillary Clinton avait tué dans l’œuf cette volonté de certains pays européens de s'émanciper des États-Unis.  « L'Otan restera une alliance nucléaire aussi longtemps qu'il subsistera des armes nucléaires », avait ainsi affirmé la candidate à la primaire démocrate pour les élections présidentielles américaines. La France et la Grande-Bretagne avaient soutenu les Américains sur ce point, craignant que le départ des États-Unis ne pousse d'autres pays européens à tenter d'obtenir l'arme atomique. Les voisins européens de la Russie avaient aussi dénoncé le possible départ des armes américaines.

Cinq ans plus tard, si le débat existe toujours en Allemagne, force est de constater qu'Angela Merkel semble, elle, se ranger du côté des partisans d'un soutien visible des États-Unis à la politique nucléaire de l'Otan en Europe.