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Afghanistan : Daesh revendique le premier attentat à Kaboul depuis l'accord USA-Taliban

Une trentaine de personnes ont été tuées le 6 mars dans une attaque visant un rassemblement politique à Kaboul, revendiquée par Daesh. Il s'agit du premier attentat dans la capitale depuis la signature de l'accord entre les Etats-Unis et les Taliban.

Le 6 mars, un attentat a visé dans la capitale Kaboul une cérémonie commémorant la mort d'Abdul Ali Mazari, un homme politique de la minorité hazara, dont les membres sont très majoritairement chiites dans un Afghanistan largement sunnite. Le bilan est très lourd : «29 personnes, dont des femmes, ont été tuées et 61 blessées», a déclaré Nasrat Rahimi, le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur. Wahidullah Mayar, le porte-parole du ministère de la Santé, a quant à lui fait état auprès de l'AFP de «32 morts, dont 5 femmes, et 58 blessés».

Le groupe terroriste Daesh a revendiqué l'attaque via l'application Telegram, affirmant que deux djihadistes avaient «visé un rassemblement d'apostats dans la ville de Kaboul avec des armes automatiques, des grenades et des lance-roquettes».

De nombreux membres de l'élite politique afghane étaient présents, dont le chef de l'exécutif afghan, Abdullah Abdullah, qui revendique la victoire à la présidentielle de septembre, même si les résultats officiels le donnent perdant. «Tous les responsables de haut niveau ont été évacués des lieux en toute sécurité», a commenté Nasrat Rahimi, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Les deux assaillants, qui avaient ouvert le feu à partir d'un chantier voisin, ont été abattus, a-t-il ajouté.

«Crime contre l'humanité»

Le président afghan, Ashraf Ghani, a dénoncé «un crime contre l'humanité». «Les attaques contre des civils sont inacceptables et ceux qui commettent de tels crimes doivent rendre des comptes», a renchéri le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a également condamné cette «attaque odieuse». «Attaquer des innocents sans défense lors d'une commémoration est un signe de faiblesse, pas une démonstration de force», a-t-il affirmé dans un communiqué, estimant que le «processus de paix en cours» devait justement permettre aux Afghans de former «un front uni face à la menace de l'Etat islamique».

Cette attaque, dans laquelle les Taliban ont rapidement nié toute responsabilité, souligne le niveau d'insécurité toujours élevé en Afghanistan, quelques jours après la signature à Doha de l'accord entre le gouvernement étasunien et les insurgés. Les Etats-Unis et les Taliban ont en effet signé un accord historique, prévoyant le retrait sous 14 mois des troupes américaines d’Afghanistan, après 18 ans de présence. Cet accord prévoit aussi l’ouverture de négociations de paix avec le gouvernement afghan, sous réserve que les Taliban respectent leurs engagements. Le chef de la diplomatie américaine les avait notamment appelés à «tenir la promesse de rupture avec Al-Qaïda», avant la signature de cet accord.

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