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Visas pour les Turcs, fonds européens : l'UE s'apprêterait à proposer des mesures pour calmer Ankara

Alors qu'Erdogan a mis à exécution sa menace de ne plus retenir les migrants à la frontière turco-grecque, Bruxelles aurait l'intention d'accorder 500 millions d'euros d'aides à Ankara et des conditions assouplies pour l'obtention de visas.

La commission européenne préparerait une nouvelle aide supplémentaire de 500 millions d'euros pour les migrants en Turquie et plusieurs autres mesures afin d'apaiser les tensions avec Ankara, a appris l'AFP de source européenne le 5 mars. Le financement de 500 millions d'euros viendra en complément des 6 milliards alloués dans le cadre de l'accord conclu en 2016 pour financer les programmes mis en œuvre par les ONG en faveur des quelque 3,7 millions de syriens en Turquie, a expliqué cette source.

L'exécutif présidé par l'Allemande Ursula von der Leyen proposerait par ailleurs de faciliter la délivrance de visas en faveur des ressortissants turcs.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a pour sa part annoncé le 4 mars le déblocage d'une aide d'urgence de 170 millions d'euros «pour les plus vulnérables en Syrie» lors de son déplacement à Ankara. Ces mesures visent à apaiser Ankara qui a décidé de laisser passer les migrants se trouvant sur son territoire pour obtenir de nouveaux soutiens de l'UE. Depuis cette annonce, des dizaines de milliers de migrants se sont massés à la frontière grecque.

«Si les pays européens veulent régler le problème, alors ils doivent apporter leur soutien aux solutions politiques et humanitaires turques en Syrie», a déclaré le 4 mars le président Erdogan. L'UE a pour sa part rejeté «fermement» le chantage aux migrants de la Turquie.

Sur son compte Twitter, le ministre français de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé : «A l’issue du Conseil extraordinaire des ministres de l’Intérieur de l’UE, nous avons adopté à l’unanimité une déclaration, solidaire de notre partenaire grec et qui rejette fermement l’instrumentalisation des flux migratoires faite par la Turquie.» Puis, il a précisé : «Elle prévoit des actions concrètes et coordonnées pour répondre à la situation migratoire aux frontières orientales de l'UE et notamment : 700 M€ débloqués des renforts de Frontex (effectifs et matériel) et l'activation du mécanisme européen de protection civile.»

Lors d'une conférence de presse à Ankara avec le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé le 2 mars avoir rejeté une aide européenne d'un milliard d'euros pour l'accueil des migrants en Turquie : «Nous parlons avec eux. Ils nous disent : "Nous allons vous envoyer un milliard d'euros." Qui essayez-vous de duper ? [...] Nous ne voulons plus de cet argent.»

Celui-ci avait alors reproché à l'UE de ne pas vouloir «partager le fardeau» avec Ankara, qui accueille quelque quatre millions de migrants. La Turquie vait conclu en 2016 un accord avec Bruxelles aux termes duquel elle s'engageait à lutter contre le passage de migrants vers l'Europe.