Quelque 13 000 migrants ont convergé vers la frontière gréco-turque après les menaces proférées par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, de laisser sortir les réfugiés voulant se rendre en Europe, a annoncé le 29 février l’Organisation internationale des migrations (OIM). L’agence onusienne précise que parmi les migrants figurent «des familles avec de jeunes enfants».
L'OIM a en outre fait savoir que ses équipes suivaient le mouvement de personnes depuis Istanbul et fournissaient de l'aide aux plus vulnérables d'entre elles. «Les équipes qui travaillent le long de la frontière de 212 kilomètres entre la Turquie et la Grèce [...] ont décompté 13 000 personnes rassemblées aux points d'entrée officiels de la frontière à Pazarkule et Ipsala, ainsi qu'en d'autres endroits», a fait savoir l'OIM, ajoutant que les groupes de migrants étaient constitués «de plusieurs douzaines à plus de 3 000 personnes».
«Le nombre de migrants venant d'Edirne [nord-ouest de la Turquie] pour traverser la frontière grossit au cours de la journée, à mesure que les voitures, taxis et bus arrivent à Istanbul», a constaté le chef de la mission turque de l'OIM, Lado Gvilava, qui s’est dit aussi «préoccupé par ces gens fragiles et exposés» en raison notamment des températures glaciales. Selon des journalistes de l'AFP présents sur place, au moins 2 000 migrants supplémentaires sont arrivés le 1er mars à la frontière grecque pour tenter de gagner l'Europe.
Ce nouvel afflux de migrants au sud de l’Europe intervient après un énième coup de semonce, le 28 février, de Recep Tayyip Erdogan. «Qu'avons-nous fait hier ? Nous avons ouvert les portes. Nous n'allons pas fermer les portes», avait-il menacé en l’absence d’un soutien de l’Union européenne à l’opération militaire menée par la Turquie dans le nord de la Syrie où Ankara a affirmé avoir perdu 33 de ses soldats dans des frappes aériennes attribuées à l'armée syrienne.
Le même jour, un haut responsable turc avait averti que la Turquie n'empêcherait plus les migrants qui tentent de se rendre en Europe de franchir la frontière.
De l'autre côté de celle-ci, sur l'île grecque de Lesbos, la crise migratoire suscite colère et inquiétudes. Le 27 février, plus d'un millier de ses habitants ont manifesté à Mytilène contre l'installation d'un nouveau camp de migrants au lendemain de violents affrontements entre manifestants et policiers. Plusieurs associations de commerçants de Lesbos et des syndicats proches du Parti communiste grec, à l'origine de la manifestation, ont également appelé à la poursuite de la grève sur l'île.