Pour la première fois depuis son départ à Bruxelles en 2017 afin d'échapper aux poursuites engagées par la justice espagnole, l'ancien président catalan et indépendantiste, Carles Puigdemont, s'est rendu ce 29 février à Perpignan. Aux portes de l'Espagne, il a pu discourir devant des dizaines de milliers de partisans. Ce meeting de Carles Puigdemont intervient dans un contexte politique sensible en Catalogne.
Sur le parking du Parc des expositions, Carles Puigdemont a notamment assuré que «sans [la] fraternité, il n'y a pas de liberté».
L'exilé catalan a ciblé les institutions espagnoles, martelant qu'«une république indépendante catalane [était] la seule voie pour sortir d'une monarchie directement venue du franquisme». «Nous ne nous arrêterons jamais», a-t-il également affirmé.
Dans la foule, les manifestants ont scandé «independència», alors qu'un immense drapeau indépendantiste catalan faisait son chemin jusqu'au-devant de la scène.
Avant l'intervention de Carles Puigdemont, Toni Comin, un des eurodéputés catalans exilés à Bruxelles, a dénoncé «le comportement du gouvernement [espagnol, qui est] un comportement de franquistes», avant de défendre «le droit à l'autodétermination».
Selon notre reporter présent sur place, «c'est une véritable démonstration de force qu'ont réussie les indépendantistes catalans». Selon la préfecture du département des Pyrénées-Orientales, 100 000 personnes participaient à ce meeting tandis que les organisateurs ont chiffré à 200 000 le nombre de personnes qui sont venues accueillir le politique catalan.
Il y a quelques jours, Carles Puigdemont avait qualifié ce meeting de «fait historique», saluant «l'esprit de transversalité» entre Catalans du Sud et du Nord, et remerciant ceux-ci de lui permettre de «fouler le sol catalan».
En octobre 2019, l'Espagne a condamné à la prison pour sédition plusieurs anciens membres du gouvernement régional catalan.
Dans la foule ont flotté d'innombrables drapeaux indépendantistes catalans. D'autres réclament la «liberté pour les politiques». L'ex-eurodéputé Oriol Junqueras, condamné à 13 ans de prison pour «sécession», vient quant à lui d'obtenir l'autorisation de sortie de prison trois fois par semaine.
S'il ne risque plus l'extradition à la suite d'une longue bataille judiciaire sur son immunité d'eurodéputé, Carles Puigdemont ne s'était jusque-là pas encore risqué à faire le voyage en France, pays dont la collaboration policière et judiciaire est étroite avec Madrid.
La veille du grand meeting de ce 29 février, l'eurodéputé était venu inaugurer une brique à son nom au stade Aimée Giral à Perpignan : «Je suis très heureux de pouvoir être de retour en Catalogne», s'était-il réjoui.