Les partisans du président du Cameroun Paul Biya n'ont pas du tout apprécié les propos d'Emmanuel Macron. Ce 24 février, ils étaient entre 400 et 600, selon une estimation de la police, à manifester devant l'ambassade de France à Yaoundé pour protester contre la promesse du chef de l'Etat français, formulée le 22 février, d'exercer une «pression» sur son homologue camerounais.
Ces jeunes ont chanté et dansé à la gloire du président camerounais, tout en s'insurgeant contre l'attitude d'Emmanuel Macron. La plupart d'entre eux portaient des drapeaux du Cameroun tandis que d'autres brandissaient des pancartes hostiles au président français. «M. Macron, le Cameroun n'est pas un Dom-Tom», «M. Macron mêle-toi de tes oignons», pouvait-on lire sur certaines pancartes.
Ils demandent «des excuses»
«Nous sommes ici pour riposter aux propos de Macron parce qu'il a manqué de respect à notre patriarche [Paul Biya]», a expliqué un manifestant, Souley Aboubakar, président d'une des associations des jeunes partisans de Paul Biya, à l'origine de ce rassemblement.
«Il [Emmanuel Macron] est un président de la République. Il doit être respecté, mais il doit respecter notre président», a-t-il ajouté. «Nous ne sommes pas une province de la France. Le Cameroun est un Etat souverain, indépendant depuis 1960», a-t-il poursuivi, invitant Emmanuel Macron à présenter «des excuses». La même exigence a été exprimée par d'autres manifestants.
Incident diplomatique
Le 22 février, le président de la République avait dénoncé «des violations des droits de l'homme intolérables» au Cameroun, promettant de mettre «la pression» sur Paul Biya pour que «la situation cesse». «Je vais appeler la semaine prochaine le président camerounais Paul Biya et on mettra le maximum de pression pour que la situation cesse. Il y a des violations des droits de l’homme au Cameroun qui sont intolérables, je fais le maximum», a expliqué le chef de l’Etat français. Il répondait à un activiste camerounais qui l'avait interpellé ce même jour lors du salon de l'agriculture.
Le 14 février, 23 personnes dont une majorité d'enfants sont mortes au cours d'une opération militaire dans le village de Ntumbo, dans le nord-ouest du Cameroun, selon l'ONU, qui a pressé Yaoundé de mener une enquête «indépendante, impartiale et complète».
Le 23 février, Yaoundé a réagi, assurant vouloir «rester maître de son destin», et a réaffirmé «qu'il n'y avait pas eu 22 villageois, dont quatorze enfants, tués».