L'Italie est devenue le premier pays d'Europe à mettre des villes en quarantaine en isolant 11 communes pour lutter contre le coronavirus, alors que l'épidémie continue à se propager en Corée du Sud, en Iran et dans son berceau chinois.
Dans le nord de l'Italie, environ 52 000 personnes se sont réveillées le 23 février dans des zones où «ni l'entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière», comme l'a annoncé le Premier ministre Giuseppe Conte.
Fermeture des entreprises et des établissements scolaires, annulation d'événements culturels et sportifs, report de matches de foot : le gouvernement italien tente de mettre sous cloche une partie de la Lombardie et la Vénétie et de freiner l'épidémie.
La première mesure de confinement avait été édictée le 23 janvier pour les 11 millions d'habitants de Wuhan, ville du centre de la Chine où s'est déclenchée l'épidémie de pneumonie virale en décembre.
En Italie, le foyer se trouve à Codogno, près de Milan. Une équipe de l'AFP y a vu des rues étrangement désertes pour un samedi soir. «Nous avons tous peur, mais on croise les doigts, nous espérons que tout ira bien», lui a dit Rosa, une employée de pharmacie, seul type d'établissement autorisé à rester ouvert. Elle craint désormais «des problèmes de ravitaillement dans les prochains jours».
Trois mois de prison pour les contrevenants
Giuseppe Conte a prévenu qu'il pourrait recourir à l'armée pour surveiller les points de contrôle. Le décret-loi pris le 22 février prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à trois mois de réclusion pour les contrevenants. En Italie, pays européen le plus touché, il y a un total de 79 malades à ce jour, parmi lesquels trois cas de contaminations connues depuis des semaines, contractées hors d'Italie. Deux septuagénaires ont succombé à la maladie dans un laps de temps court.
La France aussi se prépare à une possible «épidémie» de Covid-19, selon le ministre de la Santé Olivier Véran, qui se dit «attentif à la situation en Italie». Dans un entretien au journal Le Parisien, il estime «très probable» la possibilité de nouveaux cas en France.
La France n'envisage pas de contrôles aux frontières
«Ce qui s’est passé en Italie peut se passer ailleurs, il est possible de ne pas détecter le patient zéro», a estimé pour sa part le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon dans un entretien au JDD,le 22 février. Sur la situation française, ce dernier a précisé que la France n'avait plus à ce jour «qu’un cas hospitalisé, et 150 lits disponibles en première ligne».
Quant à établir des contrôles à la frontière, «la protection des frontières serait illusoire, nous sommes dans l’espace Schengen», a-t-il estimé, arguant que les moyens d'échange entre les eux pays étaient «multiples».
En Chine, le bilan a atteint 2 442 morts après l'annonce de 97 décès supplémentaires, tous sauf un dans la province centrale du Hubei, berceau du nouveau coronavirus. Le ministère de la Santé a aussi fait état de 648 nouveaux cas de contamination, ce qui porte à environ 77 000 le total national.
Le nombre de décès annoncé le 23 février pour les dernières 24 heures est en léger retrait par rapport à celui communiqué la veille (109), mais celui des nouveaux cas de contamination repart à la hausse (397). Mais c'est l'expansion en dehors du pays, notamment en Corée-du-Sud (556 cas, quatre décès), Iran (28 cas, 5 décès) et en Italie qui avive les inquiétudes.