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Selon son Premier ministre, le Canada aussi aurait ses citoyens «de souche»

L'expression «Canadien de souche» lâchée par le Premier ministre conservateur du pays lors d'un débat électoral sur la question migratoire a provoqué un véritable tollé. De fait, le Canada est un pays qui s'est construit sur l'immigration.

A un mois du scrutin législatif, les thèmes de l'immigration et des réfugiés s'invitent également dans la campagne électorale au Canada. Alors, lorsque le premier ministre conservateur Stephen Harper a voulu, lors d'un débat télévisé face à ses adversaires politiques, justifier son refus d'accueillir massivement des migrants sur le sol canadien en employant les qualificatifs «Old Stock Canadian» [canadien de souche] et «néo canadien», il s'est attiré les foudres de bon nombre de ses compatriotes. 

Face à Thomas Mulcair, leader du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), et Justin Trudeau, chef du parti libéral (centre), le Premier ministre a annoncé que les nouveaux arrivants n'auraient pas le droit à une meilleure protection sociale qu'un Canadien moyen, ajoutant : «Je pense que c'est quelque chose avec lequel le néo-Canadien ou le Canadien de souche peut être d'accord».

Tant Justin Trudeau que Thomas Mulcair ont alors accusé le chef du gouvernement sortant de mener une politique de division, affirmant, non sans vérité, que le Canada était en soi, un pays d'immigration.

Super canadien pure laine  : la twittosphère joue le jeu 

Mais c'est sur la toile que l'expression a le plus fait jaser, les internautes ne manquant pas de jouer le jeu en élargissant encore plus le spectre de la citoyenneté.

Ainsi, dans la province du Québec, réputée pour sa langue française délicieuse, les internautes sont restés attachés aux traditions locales préférant l'expression «canadien pure laine».

Il y aurait en fait jusqu'à trois catégories de citoyens au Canada : le néo-canadien, récemment arrivé au Canada ou né de parents immigrés, le canadien «de souche» (ou «pure laine» au Québec), de lointaine descendance, mais aussi le... «super canadien de souche», à savoir l'autochtone. 

Au-delà des racines générationnelles, la campagne a aussi rebondi sur le port du voile intégral (niqab) pour les femmes musulmanes, notamment lors de la cérémonie d'allégeance à la reine Elizabeth, chef de l'Etat canadien, dernier obstacle avant de devenir citoyen canadien.

Si la justice a tranché pour la liberté des femmes musulmanes de porter le niqab lors de ce type de cérémonies, les conservateurs n'en démordent pas : pour faire partie de la famille canadienne, on doit en épouser les coutumes.