Moscou espère que les propos du président français Emmanuel Macron sur la nécessité d'un dialogue avec la Russie «pénétreront dans la tête de l'OTAN». C'est ce qu'a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse à l'issue de la Conférence internationale sur la sécurité qui a eu lieu à Munich, en Allemagne.
«Quand nos collègues de l'OTAN disent qu'ils sont prêts à dialoguer avec la Russie, ils trichent. Ils sont ouverts à un "dialogue" qu'ils interprètent comme des critiques à notre égard, principalement au sujet de l'Ukraine. Le Conseil OTAN-Russie, dont ils font tant la promotion maintenant, ne s'est pas réuni une seule fois sans une tentative de nous imposer, sous forme d'ultimatum, une discussion sur la problématique ukrainienne», a expliqué le ministre russe.
Il a également rappelé que l'OTAN avait cessé toute forme de coopération avec la Russie, y compris dans le domaine de la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. En outre, d’après le ministre, l'organisation n'a pas répondu aux propositions spécifiques de Moscou, en particulier, visant à déplacer les exercices des forces russes et de l'OTAN à une distance convenue de la ligne de contact.
«Dans ces conditions, bien sûr, nous aimerions beaucoup voir les idées que le président Macron a exprimées plus d'une fois faire leur chemin dans la tête de l'OTAN, afin qu'on puisse comprendre à quel point [l'Alliance nord-atlantique] est vraiment malade, ou au contraire en bonne santé», a conclu le ministre russe des Affaires étrangères. La dernière remarque fait elle aussi référence à des propos tenus par le président français en novembre dernier lors d'un entretien accordé à The Economist. Dans cette interview, Emmanuel Macron avait été très critique vis-à-vis l'OTAN, affirmant notamment que celle-ci était «en état de mort cérébrale».
Durant son discours du 15 février, le chef d'Etat français a en effet abordé de façon plus large les relations entre pays européens et la Russie. Il s'est ainsi montré satisfait d'une «nouvelle dynamique» marquant selon lui ces relations, mettant notamment en avant la réactivation du dialogue au format Normandie ou encore les récentes libérations de prisonniers réciproques entre la Russie et l'Ukraine. Prônant un «dialogue exigeant» avec la Russie, Emmanuel Macron a expliqué ne rien vouloir céder à Moscou «sur les conflits gelés», mais a suggéré de «réengager un dialogue stratégique». «C'est un chemin crédible», a-t-il souligné après avoir dressé un constat amer des récentes politiques de sanctions antirusses.