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Russie : décès de l'espion qui avait «sauvé» Cracovie de la destruction

Le 10 février, il a fêté ses 103 ans : décoré du titre de «Héros de Russie», Alexeï Botiane a joué un rôle crucial dans le sauvetage de Cracovie, en Pologne, lors de la Seconde guerre mondiale.

La Russie a annoncé le 13 février la mort à 103 ans d'Alexeï Botiane, espion et vétéran de la Seconde guerre mondiale qui avait joué selon Moscou un rôle crucial dans le sauvetage de Cracovie, une version contestée par la Pologne.

«Le président Vladimir Poutine présente ses profondes condoléances aux proches d'Alexeï Botiane. Il le connaissait bien et était fier de ses exploits, de son courage et de son patriotisme», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le SVR, le service de renseignement extérieur auquel appartenait l'espion, a de son côté salué «une personne lumineuse et au bon cœur».

Selon la version rapportée par le SVR, Alexeï Botiane avait aidé en janvier 1945 à la destruction d'un dépôt de munitions où les Allemands entreposaient des explosifs qu'ils voulaient utiliser avant leur retraite pour détruire un barrage et noyer Cracovie sous les eaux.

Les autorités russes assurent qu'Alexeï Botiane considérait son rôle dans le sauvetage de la ville polonaise comme l'exploit de sa vie. En 2007, Vladimir Poutine l'avait décoré du titre de «Héros de la Russie», décoration la plus prestigieuse du pays.

«Le vieux Cracovie – la ville la plus belle d'Europe – a été préservée pour la Pologne et la culture mondiale, à bien des égards grâce à votre courage», avait alors salué le président russe. Cette version du sauvetage de Cracovie est toutefois mise en doute en Pologne, engagée ces derniers mois dans une bataille de mémoire avec le Kremlin sur la Seconde guerre mondiale.

Du temps de la Pologne communiste, les autorités locales n'avaient ainsi attribué aucun rôle clé à Alexeï Botiane dans leur propagande. Il a toutefois reçu les plus hauts honneurs militaires du pays.

Selon sa biographie officielle, Alexeï Botiane avait grandi dans une région de l'ouest de la Biélorussie intégrée alors à la Pologne. Au déclenchement de la guerre, il avait servi dans la défense anti-aérienne polonaise puis rejoint l'Armée rouge après la capitulation de la Pologne. Devenu citoyen soviétique, il avait intégré une unité du NKVD, l'ancêtre du KGB, après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie en 1941, et s'était spécialisé dans les missions derrière les lignes ennemies. Après la guerre, il avait continué son travail d'espion. Ces derniers mois, Vladimir Poutine a accusé Varsovie de collusion avec Hitler et la résistance polonaise d'avoir exécuté juifs et Ukrainiens, tandis que la Pologne a dénoncé le «rétablissement de la propagande stalinienne» par Moscou.