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Ping-Pong migratoire : Croatie et Hongrie se renvoient la balle

Un train transportant plus de 1 000 demandeurs d'asile, accompagnés par 40 policiers croates, a été intercepté par les autorités hongroises, qui ont accusé Zagreb de violer les lois internationales et de participer au «trafic d'êtres humains».

Les 1 000 réfugiés présents dans le train étaient accompagnés d'environ 40 policiers croates, qui auraient été arrêtés puis renvoyés. La police croate a toutefois réfuté les informations selon lesquelles les agents de police auraient été détenus ou désarmés, expliquant que 36 agents étaient «retournés» en Croatie dans la soirée. 

«Aucun désarmement ou arrestation n'a eu lieu. C'est entièrement faux», a déclaré à Reuters le porte-parole de la police croate Jelena Bikic, affirmant qu'un «accord à propos de l'escorte entre les officiers de police des deux côtés» avait été prévu à l'avance.

Les autorités hongroises ont déclaré que l'incident avait eu lieu en raison de l'échec de la Croatie à coordonner le passage de la frontière par le train. Selon le chef de l'unité hongroise des situations d'urgence, Gyorgy Bakondi, le train croate est arrivé à Magyarbóly sans préavis, ce qui porte le nombre d'arrivées inopinées de réfugiés à plus de 4 000 pour la seule journée de vendredi.

Le ministre croate des Affaires étrangères Vesna Pusic, a affirmé que les deux pays avaient convenu de «fournir un couloir» pour les réfugiés, selon une information de Sky News. Cependant le porte-parole hongrois Zoltan Kovacs a rejeté cette affirmation, la qualifiant de «mensonge».

«Le système croate de gestion des migrants et des réfugiés s'est littéralement effondré en une journée», a déclaré Kovacs. «Ce que nous voyons aujourd'hui est l'échec de l'Etat croate dans sa gestion de la question migratoire. Qui plus est, nous voyons une intention volontaire de la Croatie de participer au trafic d'êtres humains en les amenant à la frontière de la Hongrie», a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, le ministre des Affaires Etrangères hongrois avait accusé la Croatie d'«encourager les migrants à enfreindre la loi».

«Plutôt que de respecter les lois en place dans l'UE, ils [les Croates], encouragent les réfugiés à enfreindre la loi, car franchir illégalement une frontière est une infraction à la loi», a déclaré Peter Szijjarto à Belgrade. «Actuellement, le gouvernement croate achemine les migrants - en contravention avec les lois en vigueur dans l'Union européenne - vers la frontière hongroise - ce qui constitue une violation des lois en vigueur dans l'Union européenne - au lieu de leur donner un endroit où rester et de s'occuper d'eux», a-t-il ajouté.

Depuis que la Hongrie a installé une clôture métallique le long de sa frontière avec la Serbie et déployé sa police anti-émeute, les migrants se sont rués vers la Croatie voisine à la recherche d'un itinéraire alternatif. Plus de 17 000 réfugiés sont arrivés dans le pays depuis mercredi matin.

«Nous ne pouvons pas enregistrer et accueillir ces gens plus longtemps», a déclaré le Premier ministre croate Zoran Milanovic lors d'une conférence de presse. «Ils vont obtenir de la nourriture, de l'eau et de l'aide médicale, et ensuite nous les laisserons passer. L'Union européenne doit savoir que la Croatie ne deviendra pas un point de rassemblement de migrants. Nous avons du cœur, mais nous avons aussi un cerveau», a-t-il dit.

Pendant ce temps, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a offert à la Croatie une assistance logistique et technique pour faire face à la circulation des migrants lors d'une conversation avec le Premier ministre croate.

«Tous deux ont souligné la nécessité de renforcer la protection des frontières extérieures de l' UE, d'intensifier l'aide de l'UE dans nos pays voisins et de faire des progrès rapides sur la solidarité opérationnelle entre les Etats membres de l'UE pour faire face à la crise migratoire», a déclaré le bureau de président de la Commission européenne.