International

Erdogan menace de frapper les forces syriennes partout en Syrie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé, en cas de nouvelle attaque contre ses forces armées, de frapper les troupes syriennes partout en Syrie tout en adressant une critique à l'égard de la Russie, l'accusant de massacres.

«Je déclare que nous frapperons le régime partout», a déclaré le président turc lors d'un discours à Ankara en cas de nouvelle attaque contre les forces turques présentes dans la province d'Idleb. «Le régime et les forces russes [...] qui les soutiennent attaquent sans arrêt les civils, commettent des massacres et versent le sang», a-t-il en outre ajouté.

La réponse du Kremlin ne s'est pas fait attendre. Selon la présidence russe, Ankara ne respecte pas les accords russo-turcs pour un cessez-le-feu en Syrie et ne fait rien pour neutraliser les terroristes dans la région rebelle d'Idleb, a accusé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Evoquant les accords de Sotchi conclus en octobre dernier, il a expliqué que la Turquie avait l'obligation de neutraliser les groupes terroristes mais que «tous ces groupes bombardent les troupes syriennes et mènent des actions agressives contre les installations militaires russes».

Poutine et Erdogan veulent sauvegarder leurs accords de désescalade en Syrie

Le président turc s'est par ailleurs entretenu par téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine. Le communiqué, qui précise que le coup de téléphone a eu lieu à l'initiative d'Ankara, rapporte que les deux présidents ont poursuivi leurs discussions sur différents aspects du règlement de la crise syrienne, dans le contexte de l'aggravation de la situation dans la zone de désescalade d'Idleb. Ils ont également dit souhaiter la mise en œuvre complète des accords de désescalade russo-turc en Syrie, selon un communiqué publié par le Kremlin.

Des combats violents et meurtriers entre forces du gouvernement syrien et militaires turcs ont éclaté depuis début février dans la province d'Idleb, où Ankara soutient les groupes rebelles et dispose de positions militaires qu'elle a récemment renforcé.

En face, Damas affirme sa volonté de poursuivre sa progression pour reprendre la dernière région qui échappe à son contrôle et où elle a lancé une offensive avec l'aide des raids aériens de son allié russe. Le pouvoir syrien a en outre accusé le président turc d'être «déconnecté de la réalité». «Le chef du régime turc fait des déclarations vides, creuses et ignobles ne pouvant provenir que d'une personne déconnectée de la réalité», a déploré l'agence officielle Sana, citant une source au sein du ministère syrien des Affaires étrangères.

l'UE met en garde contre un affrontement entre forces turques et russes

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a mis en garde contre un affrontement entre forces turques et russes en Syrie et a pressé les Européens de se doter de moyens pour peser sur le règlement du conflit.

«Nous assistons à des affrontements entre le régime syrien et les forces turques, sans compter le risque de voir les militaires turcs et russes s'affronter», a-t-il souligné lors d'un discours prononcé le 11 février au Parlement européen dont le texte a été publié le lendemain par ses services.

«Ces tensions pourraient à leur tour déclencher un conflit régional plus large», a-t-il averti. «Le cessez-le-feu convenu entre Ankara et Moscou doit être appliqué», a-t-il plaidé.