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Allemagne : le gouvernement d'Angela Merkel fragilisé après des couacs avec la droite radicale

Angela Merkel est parvenue à remettre en selle son fragile gouvernement de coalition en Allemagne, qui tanguait à la suite du scandale provoqué par une alliance régionale entre des élus de son parti conservateur et la droite radicale de l'AfD.

Angela Merkel a tapé du poing sur la table, le 8 février, suite aux alliances de certains cadres de son parti avec la droite plus radicale. Elle a pour cela commencé à faire le ménage dans son parti en limogeant un membre du gouvernement et en obtenant la démission immédiate du dirigeant de l'Etat régional de Thuringe (centre), où le séisme politique s'est produit cette semaine. Elle a réclamé sur place de nouvelles élections rapides.

Ces décisions ont été annoncées alors que s'est tenue à Berlin une réunion des plus hauts responsables de son gouvernement associant conservateurs et sociaux-démocrates, à la demande de ces derniers qui exigeaient une clarification pour pouvoir rester au gouvernement.

Un membre du gouvernement évincé pour s'être félicité d'une coalition CDU/AFD

La chancelière a commencé par congédier fermement de son gouvernement un des cadres de son propre parti, Christian Hirte. Ce secrétaire d'Etat à l'Economie et commissaire du gouvernement aux territoires de l'Est de l'Allemagne s'était ostensiblement félicité sur Twitter, le 5 février, de l'élection controversée du nouveau dirigeant de l'Etat régional de Thuringe, grâce aux voix coalisées des élus CDU locaux et de ceux du parti anti-migrants Alternative pour l'Allemagne (AfD). 

«La chancelière a proposé aujourd'hui au président fédéral le renvoi du secrétaire d'Etat Christian Hirte», a fait savoir, sans prendre de gants, le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert. 

Christian Hirte est en outre un cadre du parti d'Angela Merkel en Thuringe, lieu du scandale, où il occupe la fonction de vice-président régional du CDU. Le partenaire social-démocrate des conservateurs d'Angela Merkel au gouvernement de Berlin avait réclamé sa tête, estimant qu'il n'était «plus tenable». 

Selon des médias allemands, le SPD avait aussi réclamé le départ sans plus attendre du président élu de Thuringe pour pouvoir rester au gouvernement. Chose faite également le 8 février : sous la pression, Thomas Kemmerich, élu du petit parti libéral FDP, a fait part de sa «démission en tant que ministre-président de Thuringe avec effet immédiat». Il avait déjà annoncé précédemment, au vu de la controverse, qu'il quitterait à terme ses fonctions, tout en refusant de donner une date précise.

Une demande de clarification de la part du SPD

A l'issue de leur réunion de crise, les dirigeants de la coalition gouvernementale d'Angela Merkel ont fait front commun : ils ont réclamé de nouvelles élections «rapidement» en Thuringe et publié une clarification qui était demandée par les sociaux-démocrates en refusant fermement toute alliance avec la droite radicale.

«Nous excluons la formation de gouvernements ou de majorités politiques avec les voix de l'AfD, cela reste la position des partis qui composent la coalition, et ce à tous les niveaux», fait savoir un communiqué commun du parti démocrate chrétien CDU de la chancelière, de son parti-frère bavarois CSU et du SPD.

Le secrétaire d'Etat limogé le 8 février est la deuxième victime politique de cette affaire en deux jours au sein du parti conservateur de la chancelière. La veille, le chef de file des parlementaires CDU en Thuringe, Mike Möhring, avait aussi annoncé qu'il quitterait prochainement (en mai) ses fonctions. C'est lui qui avait supervisé le vote des élus démocrates-chrétiens de Thuringe.

Le parti CDU est tiraillé entre adversaires et partisans d'une alliance avec la droite radicale au niveau régional, notamment à l'Est, dans l'ex-RDA, où l'AfD est devenue une force politique majeure et rend de plus en plus compliquée la formation de majorités.

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