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Liste noire de Kiev : la liberté de presse rétablie, mais que pour les journalistes occidentaux

Kiev a retiré jeudi, après avoir reçu de fortes critiques, certains journalistes occidentaux de sa liste noire publiée la veille, ceux y figurant étant accusées de «crimes contre l’Ukraine», de désinformation ou de passage illégal de la frontière.

«Vu le retentissement sur l'opinion publique et l’importance stratégique des relations avec l’Union européenne, le CSDU [Conseil de sécurité et de défense de l’Ukraine] a décidé de soutenir la proposition du président de lever les sanctions de six journalistes européens», a fait savoir jeudi le secrétaire de presse de cette structure Svyatoslav Tsegolko.

Les restrictions de l'Ukraine contre trois correspondants britanniques, deux espagnols et un allemand ont ainsi été levées. Cependant, les journalistes russes, estoniens et lettons, ainsi que des bloggeurs d’Italie, de Serbie, des Etats-Unis et de Hongrie, également concernés par les sanctions ukrainiennes, n’ont pas été mentionnés dans le message de CSDU.

Entre surprise et indignation

La liste noire de Kiev, qui accuse environ 400 personnes physiques et 90 entreprises ou institutions de «crimes contre l’Ukraine qui portent atteinte à la sécurité nationale», dont «la désinformation de la communauté internationale concernant le conflit dans l’est de l’Ukraine et la Crimée et le passage illégal de la frontière ukrainienne», a été publiée mercredi soir.

Cette mesure a suscité une vague de réactions en Occident, allant de la surprise à l’indignation. Pour Reporters sans frontières, l’acte signé de la main du président Porochenko était «inapproprié et absolument disproportionné». L’OSCE est allé encore plus loin, en qualifiant les actions de Kiev de «menace aux droits des journalistes». La BBC pour sa part, s’est offusquée d’une «atteinte honteuse à la liberté de la presse».

Alors que la majorité des journalistes et sociétés qui sont maintenus sur la liste sont d’origine russe, Moscou a aussi réagi à la décision de l’Ukraine, en la qualifiant jeudi d’«odieuse». «Les actions de Kiev entravent la normalisation des relations russo-ukrainiennes», a déclaré à ce propos la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.

Même les Etats-Unis, pourtant allié fidèle de l’actuel gouvernement kiévien, l’ont appelé à «prendre en compte l’importance de la liberté de presse dans le cadre de la mise en œuvre de sanctions».

«Le nationalisme ukrainien n’est pas un ami de la liberté. Ils poursuivent ceux qui parlent de liberté, ils nient des tragédies terribles», a estimé quant à lui César Vidal, un des journalistes concernées par les sanctions, contacté par RT.

L’éminent journaliste et politologue allemand Michael Rutz, lui aussi concerné par les restriction, s’est déclaré par contre «surpris» de se voir inclus dans la liste des persona non grata en Ukraine, en notant qu’il n’a «jamais visité l’Ukraine et n’avait pas d’intention de le faire».