L'Allemagne aurait-elle commis un impair diplomatique ? Alors qu'elle a convié l’Algérie, l’Egypte ou encore le Congo à la conférence internationale sur la Libye prévue le 19 janvier à Berlin sous l'égide de l'ONU, elle n’a pas fait de même pour la Tunisie. Le 15 janvier, dans un entretien accordé à la version arabophone du groupe télévisuel allemand, Deutsche Welle, l’ambassadeur de la Tunisie en Allemagne, Ahmed Chafra, n’a pas caché sa surprise face à l’absence de son pays dans la liste des participants.
Rappelant que son pays, actuellement membre du Conseil de sécurité de l'ONU, était «le plus touché» par la crise libyenne, le diplomate s’est en outre interrogé sur les raisons motivant la décision de Berlin, adepte, selon lui, de l'approche multilatéraliste dans la résolution des conflits.
Menacée directement par une dégradation sécuritaire chez son voisin libyen, la Tunisie tente en attendant de prendre les devants : plusieurs réunions interministérielles ont porté début janvier sur l'organisation d'un éventuel accueil de civils fuyant le conflit.
Un plan d’urgence coordonné par l’ONU est en effet prévu dans le cas où plus de 300 personnes par jour franchiraient la frontière tunisienne depuis la Libye. Dans cette éventualité, le gouvernement tunisien envisage l’installation d’un camp d’hébergement d’une capacité de 25 000 personnes non loin de la frontière libyenne.
En proie au chaos depuis l’intervention de l’OTAN en 2011, qui s'est soldée par la chute et la mort de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, la Libye est minée depuis 2014 par une guerre fratricide entre deux hommes, Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d'union national (GNA), et le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est libyen reconnu par la Chambre des représentants de Libye dont le siège est à Tobrouk. En outre, l'éventualité d'une intervention militaire Turque dans ce pays est venue raviver le spectre d'une internationalisation du conflit.
Ce climat sécuritaire délétère profite à l'Etat islamique à l'origine de plusieurs attaques dans le sud-libyen mais également dans la capitale, Tripoli. De fait les autorités tunisiennes sont sur le qui-vive : les deux derniers attentats-suicides qui ont secoué la capitale, Tunis, le 27 juin dernier, ont en effet brutalement rappelé aux Tunisiens que leur pays se situait dans un environnement régional très instable.
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