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Une réponse à Pompeo ? Une marée humaine rend hommage à Soleimani, tué dans une frappe américaine

Comme en Irak la veille, la foule a convergé dans plusieurs villes d'Iran pour rendre hommage au général Soleimani. Ce dernier a été tué lors d'une frappe américaine au côté d'Abou Mehdi al-Mouhandis, responsable de la lutte contre Daesh en Irak.

Une marée humaine a convergé vers la ville iranienne de Ahvaz, ce 5 janvier, pour rendre hommage à Qassem Soleimani, chef de la force al-Qods, branche des Gardiens de la Révolution chargée des opérations extérieures. Le général iranien a été tué deux jours plus tôt dans une frappe américaine sur l'aéroport de Bagdad au côté de Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires pro-iranienne et figure de proue de la lutte contre Daesh en Irak.

Par milliers, les Iraniens ont occupé les rues de la capitale de la province du Khuzestan, amenant avec eux des portraits de celui que certains observateurs qualifient de «Che Guevara musulman».

Comme le montrent des images aériennes diffusées notamment par l'agence de presse Tasnim, les citoyens endeuillés, vêtus de noir, ont totalement envahi un pont surplombant le fleuve Karoun.

Le même jour, dans la ville sainte chiite de Mechhed, des dizaines de milliers d'Iraniens sont, eux aussi, venus rendre hommage. Tandis que trois jours de solennité ont été décrétés à travers le pays, le corps du «martyr» doit ensuite prendre la direction de Téhéran ou une grande cérémonie doit avoir lieu le 6 janvier avant sa mise en terre le lendemain dans la province de Kerman, où il est né.

La dépouille de Qassem Soleimani était arrivée dans la soirée du 4 janvier en Iran après la journée de procession funéraire organisée en Irak, notamment dans les villes saintes de l’islam chiite que sont Kerbala et Najaf. Un premier rassemblement dans la capitale iranienne avait déjà eu lieu lors de l'arrivée du cercueil.

Héros de la lutte contre Daesh en Irak, al-Mouhandis également célébré

La dépouille d'Abou Mehdi al-Mouhandis, haut responsable de la coalition paramilitaire du Hachd al-Chaabi, formée pour lutter contre les djihadistes et désormais intégrée aux forces de sécurité d'Irak, est elle aussi arrivée en Iran le même jour. 

Selon le média iranien PressTV, le corps de ce proche de Qassem Soleimani serait acheminé, dans un premier temps, vers Téhéran en vue de «tests ADN». «Certaines parties [du corps] ont potentiellement été mélangées», explique la même source, qui précise que la dépouille devrait ensuite être renvoyée vers Najaf, où Abou Mehdi al-Mouhandis devrait être enterré.

A Bagdad, où des funérailles étaient organisées le 4 janvier pour les deux hommes, ainsi que pour les autres victimes du bombardement américain, des milliers d'Irakiens avaient occupé les rues. Parmi eux, figuraient des personnalités de premier plan comme le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi qui a annoncé sa démission le 29 novembre dernier.

Erreur d'appréciation de la diplomatie américaine ?

Sous-estimant peut-être la réaction des Iraniens, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo avait assuré sur CNN, le 3 janvier, que «les Américains dans la région [étaient] bien plus en sécurité» après l'élimination du général Soleimani. Le chef de la diplomatie s'était par ailleurs déclaré confiant au sujet du fait que «le peuple iranien [comprenne] que l'Amérique est une force du Bien dans la région».

Dans un tweet publié quelques heures après la frappe américaine sur l'aéroport de Bagdad, Mike Pomepo avait publié une vidéo montrant quelques centaines de personnes agitant un drapeau irakien dans la rue. «Des Irakiens dansent dans la rue pour la liberté ; soulagés que le général Soleimani ne soit plus», commentait-il.

Mais, tandis que les funérailles se poursuivent en parallèle à de nouvelles menaces lancées par Donald Trump, Téhéran n'entend pas rester sans réaction. A titre symbolique, le 4 janvier, la télévision iranienne a diffusé des images montrant un drapeau rouge, évoquant la vengeance, être hissé sur la mosquée de Jamkaran, l'un des lieux saints du chiisme.

Louis Maréchal

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