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Deux ressortissants européens expulsés d'Inde à cause de leur participation à des manifestations

En une semaine, l'Inde aurait décidé d'expulser deux Européens, une Norvégienne et un Allemand, ayant manifesté leur opposition à une loi qui facilite l'attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés à condition qu'ils ne soient pas musulmans.

Citée par l'AFP, une touriste norvégienne a expliqué le 27 décembre s'être vu ordonner de quitter l'Inde après avoir participé à des manifestations contre un projet de loi polémique sur la citoyenneté. Il s'agit du deuxième cas d'expulsion d'Européen pour ce motif dans la même semaine.

Affirmant avoir reçu «l'assurance orale» de la part de la police pour pouvoir se joindre à des manifestations pacifiques contre cette législation, Janne-Mette Johansson, 71 ans, a pourtant expliqué que des responsables de l'immigration indienne étaient par la suite venus à son hôtel pour l'interroger.  «J'ai été torturée mentalement. Aujourd'hui (vendredi 27 décembre), ils sont à nouveau venus à mon hôtel pour me demander de quitter le pays ou ils engageront une procédure judiciaire et me déporteront», a-t-elle raconté auprès de l'AFP. La touriste avait posté sur Facebook des photographies d'une manifestation dans l'Etat du Kerala, dans le sud du pays. Elle a fait savoir qu'elle quitterait l'Inde le jour même.

Selon un responsable de l'immigration indienne interrogé par l'agence Press Trust of India (PTI), Janne-Mette Johansson «a enfreint les règles des visas».

Plus tôt dans la semaine, Jakob Lindenthal, un étudiant allemand en physique en échange universitaire à Chennai, dans le sud de l'Inde, a également été contraint par les autorités de quitter le pays après avoir pris part à une manifestation et avoir comparé le texte polémique aux législations antijuives de l'Allemagne nazie, selon PTI. Des photographies sur les réseaux sociaux, reprises par les médias indiens, montrent l'étudiant brandissant notamment une pancarte sur laquelle figurait la phrase (en anglais) : «1933-1945 Nous sommes passés par là».

Une loi controversée facilitant la naturalisation de réfugiés non-musulmans

Votée le 11 décembre, la loi sur la citoyenneté facilite l'attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d'Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh, à condition qu'ils ne soient pas musulmans. Ses opposants la jugent discriminatoire et contraire à la Constitution indienne. L'opposition au parti nationaliste au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), ainsi que plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme estiment que cette loi vise à marginaliser les 200 millions d’Indiens musulmans.

Les manifestations contre ce texte se poursuivent depuis plus de deux semaines à travers le pays et ont coûté la vie à au moins 27 personnes. Le mouvement protestataire en cours constitue l'un des plus grands défis du Premier ministre Narendra Modi, chef de file du BJP et réélu le 23 mai 2019.

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